3 L’illusion amoureuse selon Platon. On connaît tous la théorie platonicienne de l’amour. Selon Platon, ce qu’on aime chez quelqu’un, ce n’est pas la personne elle-même, mais les
Voici un article de découvertes et de recherches sur un procédé d’illusion d’optique l’anamorphose. Riche de différentes techniques, l’anamorphose vous apprendra à regarder AUTREMENT pour VOIR VRAIMENT! Manue et moi-même travaillons sur la préparation d’une exposition, celle-ci n’est prévue que pour septembre, cependant je suis déjà en étude, en recherches d’idées sur différents principes d’illusion d’optique… Et je peux vous affirmer qu’il y’a de quoi faire!!! Un beau terrain de jeu en perspective! Pour voir le travail des artistes de Wonderful Art cliquez ICI En me rendant à la foire d’art contemporain lilloise “Art Up”, j’ai redécouvert un artiste qui m’avait bluffée, il y’a quelques années, par son travail Bernard Pras. Il utilise justement une illusion d’optique pour créer ses images, images qui réinterprètent des représentations connues de l’histoire de l’art et de la société contemporaine tiens, une démarche commune avec la mienne!. A l’occasion de la foire, il a remonté quelques installations en anamorphose, c’est ce que je vous présenterai plus bas. Bref, son travail m’a mis la puce à l’oreille sur le principe d’illusion d’optique. Mon âme d’enfant a repris le dessus les miroirs déformants dans les foires, s’amuser à se regarder dans une petite cuillère ou dans la boule à sucre… Et vous, ne l’avez vous jamais fait? L’anamorphose c’est quoi? L’anamorphose est une particularité étonnante de la perspective. Une Anamorphose est une déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique, tel un miroir courbe, ou un procédé mathématique. Certains artistes ont produit des œuvres par ce procédé et ainsi, créé des œuvres déformées qui se recomposent à un point de vue pré-établi et privilégié. L’Anamorphose peut être assimilée à des procédés tels que le trompe l’œil ou l’illusion d’optique. Ce procédé existe en peinture depuis environ le XV siècle. Les classiques… Les Ambassadeurs 1533 de Hans Holbein le Jeune, contient près de la base de la toile l’anamorphose d’un crâne, qui est en fait une vanité. On ne peut voir le crâne qu’en regardant le tableau avec une vue rasante. Le peintre a caché discrètement un crucifix en haut à gauche du tableau derrière le rideau. Parfois, ce n’est pas le centre de la représentation qui est déformé, mais ses extrémités, afin de donner l’impression que la surface du tableau n’est pas strictement plane. L’exemple le plus connu de ce type d’anamorphose en quelque sorte inversée » est l’Autoportrait au miroir convexe du Parmesan 1524. Il s’agit dans ces cas d’anamorphoses directes. Il existe aussi d’autres types d’anamorphoses, où l’on interpose un miroir conique ou cylindrique entre le regard et la peinture qui, déformée, s’y reconstitue les premiers sont les anamorphoses chinoises datant de l’époque Ming 1368 à 1644. Œuvre du peintre catalan Josep Ministral Les anamorphoses à miroir permettent, grâce à l’interposition d’un miroir cylindrique ou conique, de faire apparaître une image qui est la réflexion d’une image déformée conçue à cet effet. L’image déformée est peinte sur une surface plane autour d’un emplacement prévu du miroir ; ce n’est qu’en y installant le miroir que l’image apparaît non déformée sur la surface de celui-ci. Répandu au XVIIe siècle et XVIIIe siècle, ce procédé d’anamorphose a permis de diffuser caricatures, scènes érotiques et scatologiques, scènes de sorcelleries et grotesques qui se révélaient pour un public confidentiel lorsque le miroir était positionné sur la peinture. Les contemporains… On trouve également les anamorphoses dans l’architecture, sous forme de trompe l’œil. Elles consistent à peindre d’une façon déformée et calculée une image qui se reconstituera, d’un point de vue préétabli, et donnera à la peinture murale une impression de relief et donc de réalité spatiale. Peinture de Ninja1 et Mach505 de Truly design Street artiste Escif L’anamorphose a également été utilisée dans les applications militaires périscopes des chars d’assaut dès la Première Guerre mondiale, au cinéma, à la télévision, en cartographie, en publicité, dans les emballages produits impression sur nos canettes… Et en signalisation routière, ce qui a inspiré bon nombre d’artistes de rue, et de diaporamas ^^ …. Peinture par Manfred Stader etEdgar Müller Il s’agit dans ce cas de réaliser une anamorphose en perspective oblique l’image originale ex. ci dessous qui est découpée selon une grille est copiée carrés par carrés dans la grille déformée. Une fois cette opération réalisée, il faut effacer la grille pour laisser apparaître l’anamorphose. Grille créée par Jean-François Niceron en 1646. Photo de Phillip Kent. De nos jours des logiciels existent… Il existe aussi aujourd’hui l’anamorphose 3D. Un procédé informatique récemment développé par Rodrigue Pellaud, qui permet de projeter des animations 3D en dissociant le point de vue du spectateur, du point de vue de projection. Ou encore l’anamorphose stéréoscopique créée par Dimitri Parant, qui représente la petite baigneuse d’Ingres, en relief. J’ai l’impression qu’il y’a autant de techniques, que de points de vue! Habile stratagème qu’est l’anamorphose, celle-ci nous oblige à changer notre regard, notre point de vue… Elle nous absorbe ou nous fait plonger. J’aurai pu vous montrer des centaines et des centaines d’images, mais je vais revenir sur celui qui m’a fait découvrir cette technique Bernard Pras. Lui n’a pas choisi la craie, la peinture… Mais l’accumulation d’objet en tous genres. Voici la suite de son installation et son résultat final. Voici le rendu de face, lorsqu’on se place bien au centre… Et lorsqu’on regarde dans le miroir loupe…. Puis à travers son regard de photographe! Voici une vidéo très intéressante de 2013 sur son travail, dans son atelier à Montreuil. Il explique comment il en est arrivé à cette technique, puis on le voit à l’œuvre. vidéo de Ggaz. Je vous invite à visiter le site de Bernard Pras, où vous attendent vidéos, images de ses installations et sa galerie de photos qui en résultent. cliquez ici ! Je continue à ouvrir les yeux, écouter, observer… Pour continuer à enrichir mon univers et créer. Hélène Pour voir le travail des artistes de Wonderful Art cliquez ICI Sources Wikipedia Sources des photos directement dessus.
Lart est-il une illusion ? L'analyse Si les oiseaux venus picoré les raisins de Zeuxis avaient été doués de pensée, il auraient immédiatement protesté contre l’illusion du maître grec si talentueux qu’il avait réussi à peindre des raisins aussi ressemblant que les vrais.
Pourquoi parler d’illusion fiscale ? Lorsqu’un individu définit un phénomène comme une illusion c’est qu’il perçoit ce phénomène autrement que la plupart des individus auxquels il s’adresse, sinon il ne parlerait pas d’illusion mais de réalité. Le terme de fiscal, quant à lui, ne se conçoit qu’en référence à l’État, car lui seul prélève obligatoirement, si nécessaire en faisant usage de la coercition physique. C’est pourquoi le concept d’illusion fiscale devrait être au cœur de l’enseignement économique, le rôle principal de l’économiste étant justement de démasquer les illusions. Nous nous proposons ici – entre autres choses – de décrire les mécanismes créateurs d’illusions, mais il est nécessaire auparavant de revenir sur la façon dont on perçoit l’ l’illusion fiscale provient en premier lieu d’une définition erronée ou fallacieuse de l’État. Chez une majorité d’économistes qui entretient une vision angélique de l’État, les interventions publiques sont habituellement justifiées par l’existence de prétendues défaillances du marché » Des crises conjoncturelles qu’il faudrait atténuer on parle alors de la fonction de stabilisation » de l’ distribution des revenus primaires inégalitaire qu’il faut corriger » ; c’est la fonction dite de redistribution » de l’ externalités non prises en compte par les agents économiques la pollution et autres biens publics », dont la production par les mécanismes de marché serait sous-optimale » on trouve encore dans des vieux manuels d’économie politique l’exemple des émissions de radio et de télévision. Des biens dits _tutélaires » respectivement nocifs dont la consommation est interdite – drogue ou au contraire bons dont la consommation est obligatoire – éducation on parle alors de la fonction d’allocation de l’État ». Mais ces explications invoquées pour définir ces biens publics » ignorent la nature même du bien économique elles reviennent toutes à dire que l’État » saurait mieux que nous ce que nous voulons réellement. Or, la vérité est qu’il ne le sait pas car la seule manière de le savoir consisterait à observer comment nous agissons volontairement. La notion de bien est par essence individuelle seul un individu est capable de choisir et seul l’individu classe ses satisfactions sur une échelle de valeur qui lui est propre. Il n’existe pas d’échelle de valeur collective. D’ailleurs, si la notion de bien collectif était définissable pourquoi forcer des individus qui ne le souhaitent pas à consommer et à financer de tels biens » ? La seule possibilité pour une personne de se servir du bien d’autrui pour améliorer sa satisfaction tout en respectant la propriété d’autrui est de passer par l’échange sur un marché libre. En supprimant le marché par l’instauration d’un monopole réglementaire ou d’un impôt, l’État supprime du même coup le mécanisme de révélation des préférences ainsi que le mode de financement souhaité par les individus. C’est ainsi que l’État, curieusement, génère des externalités » alors même qu’il prétendait y apporter un remède par son intervention. Il paraît donc indispensable de garder en tête ces éléments qui nous indiquent à quel niveau l’illusion fiscale prend sa source. Tout l’art de l’illusion fiscale va dès lors consister à faire croire aux individus que l’usage potentiel de la violence par les hommes d’État produit des résultats meilleurs que ceux de l’échange libre et consenti, et à empêcher les victimes de la coercition étatique de se soustraire ou d’échapper à la contrainte. Une première illusion idéologique le contrat social Pour déblayer le terrain sur lequel nous allons construire notre analyse, notons encore que le contrat social », qui serait le fondement de nos sociétés modernes, porte mal son nom puisqu’il ne saurait être assimilé à un contrat. Un contrat est toujours un échange consenti de deux biens ou services présents ou futurs entre deux individus. A l’opposé, les citoyens au nom desquels les gouvernants s’expriment ne se font pas connaître individuellement et n’assument pas personnellement la responsabilité de leurs actes. Au contraire, ils désignent en secret certains d’entre eux pour user de la contrainte publique en leur nom, tandis qu’eux-mêmes restent cachés. On ne peut consentir à un contrat avec de parfaits inconnus, pas plus qu’on ne peut donner le nom de contrat social à l’obéissance des citoyens à un groupe d’hommes armés appelé gouvernement. Cette notion de contrat social est une pure abstraction. Le débat sur l’illusion monétaire la forme la plus complexe de l’illusion fiscale Avant d’aborder l’objet de notre propos – l’illusion fiscale à proprement parler – il n’est pas inutile non plus de se reporter à celui, plus connu, d’illusion monétaire. Ce concept a été identifié au moins depuis Adam Smith 1776. Nous sommes victimes de l’illusion monétaire à chaque fois que nous partons du principe qu’un accroissement du montant de monnaie en notre possession se traduit nécessairement par un accroissement de notre pouvoir d’ grand nombre d’individus ont été victimes de cette illusion depuis que les gouvernements sont parvenus à monopoliser l’émission de monnaie, oubliant que la seule vraie richesse est celle que l’on produit et consomme alimentation, habillement, logement, moyens de transports et de communication. Grâce à ce monopole d’émission, les gouvernementspeuvent, à travers l’inflation qui a pour origine principale la politique monétaire expansionniste de la Banque centrale, prélever une portion du pouvoir d’achat des individus sans leur peut pour cette raison être considérée comme un impôt et donc être elle aussi l’occasion d’une forme d’illusion fiscale. Ainsi que le souligne Pascal Salin dans L’arbitraire fiscal … la monnaie est un pouvoir d’achat indifférencié », c’est-à-dire qu’elle rend d’autant plus de services qu’elle est plus apte à permettre à ses détenteurs de se procurer un certain pouvoir d’achat en tout temps, en tout lieu, et sous forme de n’importe quel bien.[…] Cette monnaie est d’autant plus apte à remplir ce rôle qu’elle permet de maintenir stable ce pouvoir d’achat […] Or l’inflation représente une détérioration de ce rôle puisqu’elle se définit comme l’augmentation du prix des marchandises en termes de monnaie […] Les politiques d’inflation sont donc la négation même du rôle de la monnaie puisque celle-ci est utile dans la mesure seulement où elle constitue un pouvoir d’achat en attente et puisque l’inflation diminue le pouvoir d’achat des encaisses monétaires existantes. C’est pourquoi toutes les pseudo-théories et toutes les pratiques qui considèrent les politiques d’inflation avec indulgence ou la recommandent même comme stimulant nécessaire à l’activité économique sont à rejeter sans examen […]. L’inflation impose donc un transfert de ressources des utilisateurs de monnaie vers ses producteurs. C’est ce transfert qui constitue l’impôt d’inflation[1]. » Lorsque les hommes politiques essayent, soi-disant, de lutter contre l’inflation, ils se gardent bien de présenter celle-ci comme un impôt et préfèrent rejeter la faute sur les coûts » qui augmentent le prix de certains biens comme le choc pétrolier … Mais la réalité est que l’inflation est le plus souvent la résultante de la création de faux droits monétaires » ; création qui conduit à une succession de krachs boursiers avec leurs effets collatéraux dépressions, récessions. De tels épisodes apparaissent de façon récurrente depuis que les hommes de l’État ont monopolisé la création monétaire. Que nos gouvernements persistent aujourd’hui encore à y recourir prouve, si cela était encore nécessaire, l’ampleur de l’illusion monétaire » mais aussi la mesure de l’illusion fiscale qu’y si attache. L’origine du concept d’illusion fiscale Au 19ème siècle, David Ricardo pose la base de ce que nous dénommons illusion fiscale à l’occasion d’une comparaison entre le financement par l’endettement public et par l’impôt. Plus précisément, Ricardo présente son argument au chapitre 17 de ses Principles of Political Economy and Taxation[2], paru en 1821. Reprenons l’exemple qu’il utilise en l’actualisant le gouvernement décide d’une réduction de 50% des impôts pour cette année. Un ménage qui payait jusque-là 3000 euros d’impôts se retrouve donc avec 1500 euros de revenu supplémentaire. Mais, à dépenses gouvernementales identiques, l’État devra financer cette réduction d’impôts par un emprunt. Cet emprunt consiste en des obligations arrivant à échéance dans un an et rapportant un taux d’intérêt réel monétaire de 5%. Au bout d’un an, l’État devra rembourser capital et intérêt. Il devra donc lever un impôt l’année suivante équivalent au montant de l’emprunt et des intérêts versés. Si le ménage anticipe correctement que les dépenses du gouvernement n’ont pas diminué d’un montant équivalent à celui de la réduction d’impôts, il sait que l’an prochain le gouvernement lèvera un impôt pour payer les emprunts ! Il conserve donc les 1500 euros de la réduction d’impôts, les place sur le marché des fonds prêtables – il peut par exemple acheter les obligations émises par l’État -, et reçoit un an plus tard 1 575 € qui correspondront très exactement au supplément d’impôts dû cette année-là. Cet exemple simple illustre le principe connu aujourd’hui sous le nom d’équivalence de Ricardo Des individus rationnels comprennent qu’une réduction d’impôt financée par des emprunts est équivalente à plus d’impôts dans le futur. Ils annulent donc l’impact attendu de cette réduction d’impôt sur la consommation présente en épargnant la somme correspondante et en la capitalisant en prévision des hausses futures d’impôt. L’analyse de Ricardo qui envisage un monde sans aucune illusion fiscale a été reformulée par Barro en 1974. Dans le modèle construit par ce dernier, en cas de relance budgétaire financée par déficit, les agents économiques rationnels anticipent la probabilité d’une hausse d’impôts futurs et augmentent leur épargne pour s’y préparer, ce qui diminue les effets du multiplicateur keynésien traditionnel[3]. En substituant la dette publique à l’impôt le gouvernement ne modifierait donc pas la valeur actuarielle des impôts futurs et, de ce fait, le revenu permanent des ménages. Les individus ne seraient donc pas victimes de l’illusion fiscale puisqu’ils anticiperaient la hausse des impôts futurs. Il importe toutefois de souligner que ce théorème d’équivalence prête une rationalité très forte aux ménages et sans doute surestime largement la perception qu’ont les individus des obligations futures impliquées par le stock de dette existant aujourd’hui. Nous y reviendrons. Et que se passe-t-il lorsque les contribuables ne se rendent pas compte que la dépense actuelle se payera plus tard par des impôts plus élevés ; s’ils croient que l’État est plus généreux » ou moins prédateur » qu’il ne l’est réellement ? Les hommes politiques pourront en profiter à leurs dépens. C’est le premier exemple d’illusion fiscale automatique que recense la théorie économique l’illusion fiscale par la spoliation différée. Dans la continuité des réflexions de Ricardo, John Stuart Mill 1848[4] va lui aussi s’intéresser aux dépenses de l’État et à l’impôt, et il sera le premier à souligner que l’impôt direct est plus simple et plus clair pour le contribuable et qu’une mauvaise appréciation de l’impôt peut conduire à des dépenses publiques non voulues. Pour lui, la structure de la fiscalité directe ou indirecte influence la nature et l’importance des dépenses publiques il y aurait sous-estimation du fardeau fiscal dès lors que la fiscalité serait plutôt indirecte que directe, affectant par là même les choix politiques des citoyens contribuables. On retrouve la même idée chez Frédéric Bastiat 1848[5] lorsque ce dernier distingue, en partant de l’histoire de la vitre brisée, ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » ; car l’illusion fiscale provient du fait qu’on ne tient pas compte de l’origine de l’argent public », ni du fait que les privilèges nés de la réglementation, des monopoles et de la fiscalité sont forcément octroyés aux dépens de quelqu’un. Au début du 20ème siècle, un économiste italien, Amilcare Puviani[6], développera une présentation systématique de l’action fiscale de l’État[7]. Il tente de résoudre le problème posé, dit-on, par Colbert Comment plumer l’oie, de manière à obtenir le plus grand nombre possible de plumes tout en entendant le moins possible de cris ». Selon lui, plusieurs procédés permettent à un gouvernement de réaliser cet objectif Utiliser des taxes et impôts indirects de préférence aux impôts directs, trop directement des monopoles d’État pour générer des revenus pour le Trésor public. Les monopoles d’État, malgré leur inefficacité légendaire, permettent quand même aux hommes au pouvoir de taxer indirectement la population en gonflant artificiellement le prix des produits et services fournis. Le poids mort économique résultant de l’inefficacité de ces sociétés est totalement invisible mais les dividendes versés au gouvernement sont, eux, largement publicisés. Ces monopoles servent également à privilégier des catégories d’employés, leur statut public servant de prétexte au versement de subventions pour des missions de service public » inventées a la dette publique pour financer les dépenses de l’État. Un gouvernement qui désire financer un grand projet ou un déficit opérationnel peut soit accumuler des surplus ou emprunter. Comme il est politiquement plus rentable de distribuer les surplus budgétaires à des fins électoralistes, rares sont les gouvernements qui accumulent des les taxes et les impôts sous forme de paiements périodiques relativement croire à la population que les conséquences seront désastreuses si les revenus du gouvernement ne sont pas augmentés. En faisant croire à la population que la pérennité des systèmes de santé et de l’éducation serait en péril, les citoyens se retrouvent à supplier le gouvernement de ne pas baisser les des courants populaires pour imposer de nouveaux impôts et de temporaire l’introduction de nouveaux impôts et de nouvelles les transferts d’actif. Habituellement le transfert d’actif est relié à un événement heureux qui amène le contribuable à minimiser l’aspect négatif d’une le système fiscal et budgétaire suffisamment complexe pour que personne, à part quelques experts, ne puisse s’y retrouver. Aujourd’hui, tous les systèmes fiscaux mettent en œuvre à divers degrés les procédés décrits par Puviani. En matière de fiscalité, le but premier des politiciens est bien de créer l’illusion que les impôts et les taxes des contribuables sont moindres que la réalité. En même temps, ils s’efforcent aussi de créer l’illusion que les avantages obtenus par la population seraient plus grands que la réalité. Ainsi, il est possible pour le gouvernement d’imposer une fiscalité massive sans pour autant soulever l’opposition de la population. Telle est la véritable nature des politiques de redistribution des revenus et des positions sociales de l’État. Plus récemment des auteurs comme Baumol 1990[8], Becker 1983[9] ou encore Tullock 1967[10] ont développé des analyses originales de l’illusion fiscale à travers les âges, même s’ils ne se réfèrent pas explicitement à celle-ci. Ils ont constaté en particulier que dans le cadre de la liberté d’entreprendre il y a deux façons de devenir riche. La première est de développer une entreprise honnêtement, en jouant le jeu du marché, en s’efforçant de satisfaire ses clients… Mais la mise en œuvre de cette stratégie est difficile et ses résultats aléatoires. Certains préfèreront une stratégie gagnante à coup sûr. Pour cela ils vont tenter de s’acoquiner » avec l’État et de faire voter des lois leur assurant des rentes de situation confortables, aux frais du contribuable. Ainsi les entrepreneurs vont se faire concurrence pour s’accaparer des rentes qui émanent des différentes formes d’interventions publiques. Cette course aux faveurs, ou recherche de rentes, est un jeu à somme nulle, voire négative puisque les ressources utilisées à ces fins ne génèrent pas de richesse et ne constituent qu’un gaspillage de ressources visant à opérer un transfert de richesses existantes entre différents groupes ou entre différents agents économiques. Ces analyses lèvent le voile sur les pseudo-profits et les pseudo-investissements qui peuvent être considérés comme des éléments constitutifs de l’illusion fiscale. Cependant leurs auteurs ne citent jamais le phénomène d’illusion fiscale et paraissent même en être victime puisqu’ils oublient de mentionner que les actes publics sont toujours fondés en dernier ressort sur l’irresponsabilité institutionnelle première source d’illusion fiscale d’où l’intérêt de développer une théorie de l’illusion fiscale. Pourquoi une théorie de l’illusion fiscale ? Si les théoriciens de l’économie publique partent souvent du postulat que la structure fiscale ne fait que refléter la demande de biens publics » par les contribuables, la théorie de l’illusion fiscale » va s’attacher pour sa part à montrer pourquoi et comment la redistribution par le canal politique trompe systématiquement aussi bien ses artisans et ses bénéficiaires supposés que leurs victimes désignées. L’appareil fiscal et réglementaire engendre chez le contribuable une fausse conscience » qui consiste à sous-estimer pour certains, et surestimer pour d’autres, ses charges et ses rentes, ce qui affecte à son tour les décisions publiques par l’intermédiaire d’un débat systématiquement faussé. Pour avancer correctement dans ces problématiques il faudra distinguer deux dimensions de l’illusion fiscale l’une idéologique et l’autre mécanique. Dans un premier temps il faut en effet se demander à quel titre ceux qui pensent profiter de la redistribution politique auraient le droit » de disposer ainsi de la propriété d’autrui. Il faut aussi tenter de savoir à quoi auraient effectivement consenti » les victimes. Ce type de question relève de l’illusion idéologique pure et donc du traitement que la philosophie politique réserve au prétendu contrat » social censé rationaliser tout cela. Le second type de questionnement porte sur la méconnaissance de l’incidence réelle des impôts et des subventions par ignorance des lois de l’économie. C’est un type particulier d’illusion fiscale qui consiste à se tromper sur la destination effective des taxes et des subventions. Par exemple, bien que la TVA soit supportée en partie par les entreprises et que les subventions à la culture se retrouvent pour une large part dans les poches des artistes célèbres, la plupart des individus pensent que c’est le consommateur qui paie intégralement la TVA et que les subventions à la culture profitent au plus grand nombre. Sans doute cette méconnaissance de l’incidence fiscale, qui fait que la majorité de l’électorat pense qu’ elle ne paie pas d’impôts_», doit beaucoup aux agissements de l’État qui suit méticuleusement les préceptes de Puviani. Pour reprendre les expressions de Frédéric Bastiat, l’État s’y entend pour monter en épingle la Main Douce », celle qui donne, tout en dissimulant soigneusement la Main Rude », celle qui prend et doit forcément prendre plus que la Main Douce » qui donne. Que l’étatisme ait pu se développer dans les proportions que nous connaissons aujourd’hui, alors même que nous devrions savoir que c’est notre propre argent que nous recevons de l’État, sans aucun profit pour personne le citoyen se trouvant simplement dépouillé du droit de disposer librement de la moitié de son revenu, constitue en soi une illustration historique massive du phénomène d’illusion fiscale. Quel raisonnement économique peut expliquer l’illusion fiscale ? Tout acte économique est un acte rationnel réalisé intentionnellement dans le but de satisfaire des besoins, des désirs, des impulsions. Les fins et les objectifs poursuivis sont individuels et reflètent les préférences inter-temporelles du décideur. Sa décision se base également sur le coût d’opportunité du choix envisagé tel que ce coût est perçu par le décideur c’est la valeur du second choix auquel il renonce, dans une situation individuelle donnée et dans un environnement informationnel donné. C’est pourquoi un individu ne peut pas choisir à la place d’un autre ; tout simplement parce qu’il ne dispose pas de l’ensemble de ces données propres à chaque individu. Dès lors que celui qui choisit ne porte pas les conséquences de son choix la nature de la décision changera et le système d’information généré habituellement par des choix rationnels et individuels sera détruit. Or ce système d’information[11] est au cœur d’un processus de coopération libre et intentionnel qui permet à tous les individus d’améliorer en permanence leur situation. Parce qu’elle néglige les perceptions individuelles des coûts et des avantages inhérents à chaque choix – perceptions qui sont en temps ordinaires synthétisées par les prix de marché -, l’intervention de l’État va fausser systématiquement l’intérêt que les gens ont à s’informer dans un sens ou dans l’autre et donner naissance à une illusion fiscale. Une chaîne d’erreurs va en effet s’ensuivre dès lors que l’État devient décideur La confusion entre un acte de spoliation légale et un acte méconnaissance des lois de l’incidence fiscale comme dans le cas de la TVA.Et, finalement, le fait que toute richesse détournée de son usage responsable, c’est-à-dire individuel, tend à être détruite par le processus fiscal et réglementaire de l’État si ce n’est que parce que elles seront allouées sur la base d’une fausse perception de la réalité. L’État peut tenter de pallier ce manque d’informations en évaluant au prix du marché » les enjeux de la décision publique pour les bénéficiaires, pour les victimes et pour lui-même. C’est ce que systématise la comptabilité nationale » et que traque – parce qu’elle y voit une grave erreur – la théorie de l’illusion fiscale qui utilise à son égard l’expression de sophisme comptable ». L’erreur consiste à se donner pour indicateurs de la valeur et du coût d’une action des prix qui n’ont rien à voir avec la décision envisagée, soit que ces prix se soient formés bien avant, dans d’autres circonstances, sur les marchés, soit, dans le cas qui nous occupe, que ces prix ne reflètent pas les vrais coûts et avantages des décisions puisque ces décisions sont prises dans un cadre institutionnel où ce ne sont pas les réelles perceptions des individus qui inspirent les décisions. Le comble du sophisme comptable consiste naturellement à supposer qu’un système de planification centralisée, où les prix auraient disparu, pourrait procéder à des comparaisons de valeur et de coût. Rappeler que ce n’est pas possible était le message principal de Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. C’est aussi le témoignage de cet homme d’affaire qui, de retour d’URSS, rapportait que les planificateurs soviétiques n’ont jamais élaboré leurs fameux Plans » qu’en se fondant sur les prix des catalogues occidentaux. C’est parce qu’elle déconnecte nécessairement – par manque d’information – la prise de décision des coûts et avantages réels de cette décision que la décision publique est irresponsable. Et c’est cette irresponsabilité politique ou institutionnelle qui engendre l’illusion fiscale lorsque le décideur public l’homme politique ou le haut fonctionnaire dispose du bien d’autrui sans son consentement, la violence destructrice apparaît et avec elle la destruction d’information. L’interventionnisme de l’État permet à des individus qui n’en subiront pas les conséquences de décider à la place des gens qui de ce fait en sont réduits à la passivité, incapables de prendre en compte les coûts et les avantages d’une décision sur laquelle ils n’ont pas de prise. Ils ne peuvent tout-au-plus que rechercher les moyens de s’y adapter. Il en résulte une double destruction d’information, qui est le produit inéluctable de l’irresponsabilité, elle-même produit de l’étatisme. Ces problèmes inhérents à l’interventionnisme n’ont pas échappé à l’attention d’économistes perspicaces qui ne connaît les quatre manières de dépenser de l’argent selon Milton Friedman 1980[12] ? Dépenser son propre argent pour soi-même ; dépenser son propre argent pour les autres ; dépenser pour soi-même l’argent des autres ; dépenser pour les autres l’argent des autres ! De même que la préférence démontrée le choix effectif et l’échange libre sur un marché permettent de maximiser le bien-être de l’ensemble des individus, de même tout échange forcé ou frauduleux détériore la situation des individus évoluant dans une société de marché entravée. La responsabilité comme règle généralement acceptée n’existe plus et les droits de propriété sont bafoués. Il paraît donc nécessaire de définir ce concept d’illusion fiscale comme un écart entre la réalité d’un acte politique nécessairement violent » et le discours qui accompagne cet acte souvent trompeur et rassurant. Afin de mesurer l’ampleur de cet écart il est intéressant de décrire plus précisément l’un des procédés d’illusion fiscale. Nous prendrons ici celui du déficit public. Le déficit public un procédé d’illusion fiscale On a vu, avec les travaux de Ricardo, que des agents économiques correctement informés sur le déficit public le percevraient immédiatement, et à juste titre, comme un impôt qu’il faut actualiser. Cependant, tout le monde n’est pas aussi bien informé, et on peut penser que les hommes de l’État comptent bien sur cette ignorance et même chercheront à l’entretenir. De fait, en ne prélevant que plus tard par l’impôt l’argent qu’il dépense aujourd’hui, l’État contribue à fausser la perception des contribuables. C’est pourquoi l’endettement public mérite ce qualificatif de spoliation différée. Ce procédé pratique d’illusion fiscale fut le premier à être reconnu historiquement ; c’est le plus délibéré, le mieux compris par les économistes voire par les politiques qui y ont recours ; celui-là même qui a donné naissance à l’expression d’illusion fiscale et auquel certains auteurs assimilent encore exclusivement celle-ci. Les gens qui se laissent prendre à ce tour de passe-passe peuvent alors croire en un État qui donne plus qu’il ne prend, c’est-à-dire, en un État distributeur de richesses gratuites », un État corne-d’abondance ou, comme le disait Ludwig von Mises, à l’État Père-Noël. Ce procédé peut tromper même les statisticiens, soi-disant experts de l’impôt et des dépenses publiques, si ceux-ci évaluent l’ingérence de l’État dans l’économie à l’aune des impôts qu’il prélève. En effet, lorsque les gouvernements achètent, lorsqu’ils distribuent, ils interviennent » tout autant dans l’économie que lorsqu’ils prélèvent obligatoirement c’est donc à l’aulne des dépenses de l’État, et non pas seulement à celui des recettes fiscales, qu’il faudrait mesurer ces ingérences. Le jeu de l’État est d’autant plus pervers – car créateur d’illusion – que les hommes politiques au pouvoir espèrent se soustraire aux contraintes électorales en distribuant de l’argent aujourd’hui avec l’idée que ce sera aux futurs élus d’organiser le remboursement en prélevant alors les impôts sur des électeurs qui ne sont peut-être même pas nés aujourd’hui. Ce ne sont donc pas leurs électeurs d’aujourd’hui mais les électeurs à venir qu’ils vouent à l’imposition sans que ces derniers ne puissent seulement participer au simulacre de consentement mis en scène par les institutions supposées démocratiques ». Les hommes de la classe au pouvoir font un large usage de ce procédé. Ils ne le font pas seulement en empruntant de l’argent pour le dépenser tout de suite, c’est-à-dire en choisissant le déficit budgétaire comblé par l’emprunt ; ils le font aussi, depuis la fin du 20ème siècle, en s’engageant au titre de la retraite par répartition. Là encore, il s’agit pour l’État de présenter faussement la réalité des comptes publics, puisque les engagements pris au titre des retraites par répartition ne sont pas comptabilisés comme une dette qui devra faire l’objet d’un impôt futur. Le comptable objectera peut-être que, en tant que promesses d’argent prélevé sur d’autres, les droits » à la retraite par répartition n’ont pas la consistance juridique d’un endettement[13]. Ce qui donne d’ailleurs la possibilité aux technocrates de la Sécurité sociale d’altérer à leur guise ces prétendus engagements ». Relevons tout de même que si un homme d’affaire quelconque venait à proposer des conditions similaires à celle que la retraite par répartition impose à ses assujettis, il irait directement en prison pour escroquerie ! Puisqu’il n’y a même pas de comptabilité honnête des engagements de l’État, et que celui-ci peut toujours violer les règles de type constitutionnel qui feraient obstacle à l’accroissement illimité des promesses étatiques d’argent prélevé dans l’avenir – comme on a pu amplement et amèrement le constater avec le Pacte de stabilité » autrefois supposé contraignant » du Traité de Maastricht -, il n’y a plus que les marchés financiers qui puissent – et seulement au moment où ils commencent à douter que ces promesses puissent être tenues – attirer l’attention sur le fait que l’endettement étatique n’est qu’un impôt différé, et qu’il consiste à consommer l’épargne actuelle. On peut à cette occasion remarquer que les deux types de procédés d’illusion fiscale, le procédé idéologique et le procédé mécanique, se renforcent ici mutuellement. La technique de la spoliation différée s’accompagne aujourd’hui d’une rationalisation qui laisse entendre que l’épargne serait une fuite » dans le circuit de la dépense. Dans la réalité, bien entendu, les entreprises, comme les consommateurs, passent leur temps à faire des achats ce sont elles, par exemple, qui achètent le travail des salariés, et elles le paient avec de l’argent épargné… L’épargne est donc investie et permet les emplois d’aujourd’hui et de demain ; consommer l’épargne a pour effet de réduire les perspectives d’embauche et de rémunération de ceux qui veulent travailler. Exalter la consommation comme moyen de relancer l’économie » est donc un mensonge, bien pratique pour ceux qui veulent continuer à pratiquer la technique de la spoliation différée. La spoliation différée n’est qu’un des procédés de l’illusion fiscale et on pourrait en identifier bien d’autres. Les théoriciens des choix publics ont insisté, par exemple, sur la logique de l’action collective les avantages tirés d’une décision publique sont souvent concentrés sur un petit nombre d’individus alors que les coûts sont largement répartis sur une large population qui de ce fait ne verra pas l’intérêt qu’il y aurait à se mobiliser contre tel ou tel privilège, alors que dans le même temps les privilégiés potentiels s’activent. Certes, des institutions démocratiques pourraient combattre cette tendance – on pense à nos voisins suisses et au referendum obligatoire pour tout accroissement des charges publiques –, mais comment faire pour les mettre en place sachant la prépondérance des intérêts qui s’y opposeraient ? Autre exemple d’illusion fiscale l’absence de concurrence pour les services monopolisés par l’État qui cache aux citoyens la mauvaise affaire que sont pour eux les services publics » qui leurs sont fournis ; c’est la Censure du Monopole. Mais il y en a bien d’autres… Pour une définition réaliste de l’illusion fiscale Finalement, tout comme l’a proposé l’économiste François Guillaumat, notre propos consiste à démontrer que l’illusion fiscale est l’écart caché entre le coût et les bénéfices d’une action étatique ; qu’une politique de redistribution gaspille presque autant d’argent que l’impôt lui-même et que cette loi économique est valable quelle que soit la qualité de la gestion de l’État. En effet, lorsque des citoyens investissent » leur temps, souvent en vain, pour tenter de profiter d’un pactole de l’État, pendant ce temps ils ne produisent pas des vraies richesses. Ces pseudo-investissements de temps passé sont donc un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’à atteindre le montant du pactole à distribuer. L’illusion fiscale masque, travestit chaque action de l’État spoliateur. La TVA, l’impôt le plus efficace, est indolore, presque invisible. L’interdiction de concurrencer les services étatiques crée une fausse rareté de l’assurance-santé, de la sécurité, des transports, de la monnaie, de la Justice, de l’enseignement. L’absence de concurrence cache ainsi aux citoyens le coût réel des services publics » qui leurs sont fournis. L’illusion fiscale donne ainsi à penser que certains biens fournis par l’État sont gratuits ce qui est l’autre face du miroir. Nous sommes donc victimes d’illusion fiscale lorsque nous croyons que l’action de l’État rapporte plus d’avantages, ou moins d’inconvénients, qu’elle ne le fait en réalité ; que l’on tire des avantages nets des politiques étatiques, qu’en définitive on préfère marginalement ces avantages nets légaux aux avantages nets que l’on tirerait d’un véritable état de droit, c’est-à-dire, un État où la propriété privée, la responsabilité personnelle et la liberté de contacter seraient respectées. Car il n’y a répétons-le que deux moyens pour se procurer des richesses les produire ou les prélever par l’impôt[14]. La troisième catégorie, la redistribution » sur laquelle les hommes de l’État prétendent justifier leur interventionnisme, n’existe tout simplement pas. Les prétentions des hommes de l’État à allouer les ressources de manière efficace, à les répartir de manière juste et à en stabiliser la circulation n’ont tout simplement pas de sens », comme le souligne le professeur Salin dans L’arbitraire fiscal. L’influence des cascades informationnelles et la manipulation des croyances Il est possible d’influencer l’opinion publique en créant des cascades informationnelles[15]. Si celles-ci peuvent avoir un effet bénéfique lorsqu’elles ne sont pas fondées sur des informations erronées, dans le cas contraire elles contribuent à une violation des droits individuels. La manipulation de l’opinion publique par les activistes des groupes de pression implique un usage intensif de figures de rhétorique[16], des biais dans la perception que les individus ont des risques, de diffusion de fausses informations dans le seul but d’enclencher une cascade qui va modifier l’opinion publique en faveur de la réglementation et non pas dans le but d’éclairer le public sur les véritables risques encourus. Cette manipulation des croyances met alors en péril la démocratie politique contemporaine déjà si sensible à l’opinion majoritaire. Enfin, outre les procédés d’illusion fiscale et de formation des croyances, il faut souligner que certaines études réalisées sur le consentement à l’impôt – en général pour justifier l’impôt – ne reflètent pas la réalité puisqu’aucune correction n’est apportée dans ces études pour prendre en compte le biais lié à l’illusion fiscale. Le consentement à l’impôt est pour une large part un leurre qui, comme le leurre de la loi, fait désirer quelque chose qui n’est en fait qu’une violation de votre droit à jouir des biens et services que vous avez produits. La recherche de rentes et l’illusion fiscale L’évolution du concept d’illusion fiscale à travers les âges nous a amené à utiliser le terme de recherche de rente » pour décrire l’éventail des mesures de nature politique subventions, gratuité de service, exemptions fiscales, réglementation qui constituent une barrière à l’entrée du marché. Dans tous les cas il s’agit d’avantages accordés par voie politique qui ne pourraient être obtenus sur un marché libre. La réussite d’un groupe à obtenir, par cette voie, un avantage qui lui serait inaccessible par le marché, invite d’autres personnes à se constituer à leur tour en groupe chasseur de rentes. La concurrence politique supplante alors la concurrence économique. Ce changement d’incitations n’est pas neutre. L’incitation à l’innovation est moindre dans l’ordre politique. Les acteurs politiciens n’assument pas personnellement les suites de leurs décisions et les sommes engagées dans la recherche de rentes » constituent une pure perte. Finalement, l’activité de recherche de rentes » fait partie de l’illusion fiscale puisqu’elle incite les individus à se spécialiser dans des activités improductives destinées à obtenir des faveurs, et non dans des activités productives destinées à servir les besoins des consommateurs. Conclusion Se servir du concept de l’illusion fiscale pour assainir les structures démocratiques Maintenant que les procédés de l’illusion fiscale ont été démasqués et analysés on pourra s’en servir pour définir les réformes institutionnelles qui permettront, en rétablissant le lien entre l’action et ses conséquences dans l’esprit de ceux qui agissent, de procéder au désillusionnement fiscal » des citoyens, quel qu’ait été leur statut dans la société étatisée. Comme le montrait dès 2007 le calcul d’un indicateur d’illusion fiscale, on peut, à la suite de l’étude Towards a Fiscal Illusion Index »[17], définir les bonnes règles de gouvernance d’un État et attaquer les procédés d’illusion fiscale. Ceci n’est pas un vœu pieux puisque l’illusion fiscale a diminué entre 1960 et 2006, comme le montrait le calcul de l’indice d’illusion fiscale réalisée par le professeur Mourao. Là où la transparence et l’irréprochabilité du fonctionnement de l’ État sont garantis et là où l’État se borne à garantir l’appropriation, l’usage et la transmission des biens et ressources rares, l’illusion fiscale disparaît. [1] Salin P., L’arbitraire fiscal. Paris Robert Laffont, 1985. Libertés 2000. [2] Ricardo D., Des principes de l’économie politique et de l’impôt. Paris Flammarion, 1981. [3] Buchanan J., “Barro on the Ricardian Equivalence Theorem,” Journal of Political Economy. Avril 1976, vol 84, n°2. p. 337-342. [4] Mill Principes d’économie politique. Paris Guillaumin, 1873 ; Wagner, “Revenue Structure, Fiscal Illusion, and Budgetary Choice,” Public Choice. 1976, vol. 25, p. 45-61; Tyran et Sausgruber R., “Testing the Mill Hypothesis of Fiscal Illusion,” Public Choice, 2005, issue 1, 39-68. [5] Bastiat F., Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas choix de sophismes et de pamphlets économiques. Paris Romillat, 1994. [6] Puviani A., Teoria della illusione nelle netrate publiche. Perugia 1897 et Puviani A., Teoria della illusione Finanziaria. Palermo 1903. [7] Lorsque James Buchanan écrit Public Finance in Democratic Process Fiscal Institutions and Individual Choice, peu d’économistes s’étaient penchés sérieusement sur l’analyse de l’illusion fiscale en général ; la seule étude systématique que celui-ci pouvait citer était justement celle de Puviani. Voir, Public Finance in Democratic Process Fiscal Institutions and Individual Choice, Indianapolis, IN Liberty Fund Inc. 1967, [8] Baumol “Entrepreneurship Productive, Unproductive and Destructive,” Journal of Political Economy. University of Chicago Press, Octobre 1990, vol. 98, n° 5, part 1, p. 893-921. [9] Becker G., “A Theory of Competition Among Pressure Groups for Political Influence,” Journal of Political Economy. University of Chicago Press, Août 1983, vol. 98, n°3, p. 371-400. [10] Tullock G., “The Welfare Costs of Tariffs, Monopolies, and Theft,” Western Economic Journal. 1967, vol 5, p. 224-232. Tullock G., The rent-seeking society – The selected works of Gordon Tullock. Indianapolis Liberty Fund, 2005. Vol. 5. [11] Ce sont les prix et les pertes et profits relatifs issus de la confrontation des offres et des demandes des individus et groupes d’individus pour l’ensemble des biens et services existants et à venir. [12] Friedman M., Free to Choose. Thomson learning, 1990. [13] Il faut savoir qu’un endettement authentique est fondé sur un acte de prêt et qu’un individu à accepter de reporter une consommation présente pour une consommation future. Un crédit authentique est toujours basé sur une épargne correspondante. Le crédit créé sans contrepartie d’épargne n’est pas un crédit c’est une illusion monétaire, qui ne persiste que par les procédés de la spoliation indirecte et de la censure du monopole. [14] Salin P., Libéralisme. Paris Odile Jacob, 2000. [15] Lemmenicier B., Les cascades d’opinion ou la formation des croyances et le politiquement correct dans l’information sur les comportements à risque », Journal des économistes et des études humaines, Décembre 2001, vol. 11, n°4. [16] Guillaumat F., Le renard dans le poulailler » in De l’ancienne à la nouvelle économie. Aix-en-Provence Librairie de l’Université, 1987, […] Pour fausser leur raisonnement, les idéologues du socialisme ont dû surprendre leur bonne foi. Pour ce faire le procédé est millénaire c’est la perversion du langage. La plupart des gens se servent des mots sans connaître leur définition précise – quand ils en ont une -, et ceux qui comprennent la fonction des concepts sont encore moins nombreux. Il est alors possible d’invoquer des abstractions sans rapport avec la réalité, littéralement indéfinissables, des sortes d’anti-concepts qui, au lieu d’économiser la pensée et de la rendre plus claire, comme le font la plupart des concepts valides, la rendent au contraire impossible en engendrant la confusion… » [17] Cf. Mourao P., Towards a Fiscal Illusion Index [en ligne]. Minho Gualtar Department of Economics & NIPE Núcleo de Investigação em Políticas Económicas University of Minho Gualtar, 2007. Disponible à
Dansle mécanisme de la vision, les rayons lumineux pénètrent dans l’œil par la pupille, sont déviés par le cristallin, puis viennent frapper la rétine. C’est ensuite un processus chimique qui envoie un message par le nerf optique, au cerveau. Celui-ci interprète les informations par une sensation de couleur ou de luminosité.
14 pointsLe monologue, souvent utilisé au théâtre, paraît peu naturel. En prenant appui sur les textes du corpus, sur différentes pièces que vous avez pu lire ou voir et en vous référant à divers éléments propres au théâtre costume, décor, éclairages, les gestes, la voix etc., vous vous demanderez si le théâtre est seulement un art de l'artifice et de l'illusion. Texte A George Dandin, riche paysan qui a épousé la noble Angélique, paraît seul sur scène. Acte I, Scène I George Dandin. 1 Ah ! qu'une femme demoiselle1 est une étrange affaire ! et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme ! La noblesse, de soi2, est bonne ; c'est une chose considérable, assurément mais elle est 5 accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu'il est très bon de ne s'y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le style des nobles, lorsqu'ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L'alliance qu'ils font est petite avec nos personnes c'est notre bien seul qu'ils épousent ; et j'aurais bien mieux fait, tout riche que je suis, de m'allier en bonne et franche10 paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi, s'offense de porter mon nom, et pense qu'avec tout mon bien je n'ai pas assez acheté la qualité de son mari. George Dandin ! George Dandin ! vous avez fait une sottise, la plus grande du monde. Ma maison m'est effroyable maintenant, et je n'y rentre point sans y trouver quelque chagrin. Molière, George Dandin ou Le Mari confondu, 1668. 1 Femme demoiselle jeune fille ou femme née de parents nobles.2 De soi en soi, en elle-même. La noblesse en elle-même est bonne. Texte B Le valet Comte Almaviva, Figaro, doit épouser Suzanne, servante de la Comtesse. Il apprend que le Comte n'a pas renoncé au "droit de cuissage", ancienne coutume qui permet au maître de passer la nuit de noces avec la mariée. Figaro se plaint de son sort et de Suzanne qui va, d'après lui, céder au Comte à qui elle a donné un rendez-vous secret. Acte V, Scène III Figaro, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre. 1 O femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !... nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ?... Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse1, à l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie2.... Il riait en lisant3, le perfide ! et moi comme 5 un benêt... non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu 10 déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes4 ; et vous voulez jouter5... On vient... c'est elle... ce n'est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié ! Il s'assied sur un banc. - Est- il rien de plus bizarre que ma destinée ? [...] Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, La Folle journée ou Le Mariage de Figaro, 1784. 1 Sa maîtresse la Comtesse.2 La cérémonie fête en l'honneur du mariage de Suzanne et Figaro.3 II riait en lisant Figaro pense que le comte a reçu un message de Suzanne.4 Les Espagnes désigne l'Espagne et les territoires conquis depuis Christophe Colomb.5 Jouter se battre. Texte C Perdican est amoureux de sa cousine Camille, qu'il doit épouser. Mais elle repousse son amour car elle a décidé d'entrer au couvent. Les deux jeunes gens ont eu une discussion animée. Seul sur scène, Perdican s'interroge. Acte III, Scène IDevant le château. Perdican. 1 Je voudrais bien savoir si je suis amoureux. D'un côté, cette manière d'interroger est tant soit peu cavalière1, pour une fille de dix-huit ans ; d'un autre, les idées que ces nonnes2 lui ont fourrées dans la tête auront de la peine à se corriger. De plus, elle doit partir aujourd'hui. Diable, je l'aime, cela est sûr. Après tout, qui sait ? peut-être 5 elle répétait une leçon, et d'ailleurs il est clair qu'elle ne se soucie pas de moi. D'une autre part, elle a beau être jolie, cela n'empêche pas qu'elle n'ait des manières beaucoup trop décidées et un ton trop brusque. Je n'ai qu'à n'y plus penser ; il est clair que je ne l'aime pas. Cela est certain qu'elle est jolie ; mais pourquoi cette conversation d'hier ne veut-elle pas me sortir de la tête ? En vérité, j'ai passé la nuit10 à radoter. Où vais-je donc ? - Ah ! je vais au village. Il sort. Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, 1834. 1 Cavalière osée, impertinente.2 Nonnes religieuses qui vivent dans un couvent. Ce sont elles qui ont assuré l'éducation de Camille. Texte D Un bal est donné au château du Baron de Z... Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont. 1 Dubois-Dupont, il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur. Je me présente je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte Dubois-Dupont, 5 homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés. Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que... mystérieuses... Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus. Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de10 printemps Il montre la branche, dans le manoir2 du baron de Z... Zède comme Zèbre, comme Zéphyr... Il rit bêtement. Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie. Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir. On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit 15 des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement. Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend. Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent Vous voyez ?... 20 Une bouffée de bruits de bal. Vous entendez ?... Bruits de bal. Quand je me tais... Bruits de bal... ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. 25 Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas. Le crime - car il y aura un crime - n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !... Pourquoi ? Vous le saurez plus Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins I Que de chignons ! Mais on vient !... Chut !... Je m'éclipse. Ni vu ni connu ! Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres. Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", in La Comédie du langage, 1987 1 Plaid à pèlerine ample manteau orné d'une cape.2 Manoir petit château à la campagne.3 Incognito anonymat, en secret. I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Sujet Contraintes Le monologue, souvent utilisé au théâtre, paraît peu naturel. ● La consigne commence par rappeler le thème du corpus le monologue. Mais attention, ce n'est qu'un point de départ. Il mène à réfléchir sur le naturel au théâtre. [...] vous vous demanderez si le théâtre est seulement un art de l'artifice et de l'illusion. ● Le "vrai" sujet n'est donc pas le monologue mais le théâtre comme pratique artistique. Le "si… seulement" vous oblige à apporter au moins un autre élément de définition. En prenant appui sur...costumes, décor, éclairages, gestes, la voix etc. ● Votre dissertation devra compter des exemples, notamment des éléments qui renvoient au théâtre en tant que pratique artistique. II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES Par un plan dialectique 1. le théâtre n'est pas naturel il abuse de l'artifice ;2. mais l'artifice est un moyen et non une fin le théâtre ne cherche pas seulement à créer de l'illusion. III - LES PISTES DE REPONSES Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, est de type dialectique. Il consiste à 1. montrer que le théâtre en tant que texte et représentation se fonde sur des artifices pour créer un effet d'illusion ;2. mais que ces moyens ne se limitent pas à créer le vraisemblable ils suscitent des réactions. PREMIERE PARTIE Le théâtre en tant que pratique littéraire se fonde sur le recours à des procédés d'écriture qui sont spécifiques à ce genre le monologue est ainsi un moyen qui permet de livrer au public les pensées et les sentiments du personnage par la mise en scène de sa parole. Dandin, Figaro ou Perdican pourraient passer pour fous si nous les croisions dans la rue mais sur une scène de théâtre, leur parole monologique ne nous choque pas car elle est une convention nécessaire. L'art théâtral consiste bien souvent à amplifier, à outrer une activité naturelle. Au théâtre, les comédiens parlent fort, font de grands gestes pour rendre perceptible le caractère théâtral de leur art. Dans l'Antiquité, les comédiens portent des masques pour amplifier et déformer leurs voix, pour rendre visible l'expression dominante du personnage. De la même façon, les costumes utilisent souvent des codes de couleur significatifs et schématiques qui renseignent le public sur le caractère, le statut ou le rôle d'un personnage par exemple la jeune fille est parfois vêtue de blanc pour indiquer qu'elle est une victime innocente ; l'empereur porte une toge pourpre en Occident, mais une robe jaune en Orient. Simplistes, ces codes aident tout de même le spectateur à saisir les enjeux de ce qui est représenté. L'action jouée par les artistes, et écrite par l'auteur dramatique, présente souvent de nombreuses invraisemblances parce qu'elle repose sur le hasard ou des rebondissements apparemment excessifs la tragédie raconte comment en vingt-quatre heures la situation des personnages bascule de façon effrayante et pitoyable Horace, Antigone ; la comédie de Molière connaît souvent des dénouements forcés grâce à l'arrivée inattendue d'un personnage que l'on croyait mort Les Fourberies de Scapin, L'Avare ou que rien ne laissait attendre la statue du Commandeur dans Dom Juan. L'artifice tient à ce que le public, pris dans le temps de la représentation, ne perçoit pas ces facilités, voire ces invraisemblances. Transition Le théâtre en tant que genre littéraire et en tant que pratique artistique se fonderait donc sur des conventions visibles qui en font un art peu naturel. Mais il s'agit de procédés et leur finalité ne peut pas se limiter à l'illusion. DEUXIEME PARTIE Le théâtre cherche à rendre vraisemblable une action, qui l'est parfois peu, pour que le public s'interroge non pas sur l'art dramatique mais sur le monde où il vit. Ainsi les apartés, les monologues mettent en scène de façon artificielle la parole du personnage, mais guide surtout le public vers la compréhension des enjeux de la pièce lorsque Tardieu reprend ce vieux procédé du monologue en 1987, il sait que le spectateur comprendra que l'artifice est ici trop énorme pour être cru. Le but est donc d'amuser le public et non de lui faire croire à quelque chose d’incroyable. Lors de la mise en scène d'une pièce, les codes choisis par les artistes servent à faciliter pour le spectateur la compréhension de la lecture proposée lorsque Daniel Mesguich mélange les époques dans ces mises en scène, c'est pour que le public mesure que les pièces du répertoire appartiennent à tous les temps. Ainsi M. Dimanche dans Dom Juan apparaît comme un juif du milieu du XXe siècle persécuté. Rien de naturel dans ce choix, mais la pièce de Molière y trouve une relecture moderne et pertinente. Enfin, les règles de composition des pièces, apparemment si contraignantes et peu naturelles, contribuent à susciter chez le spectateur des réactions, sentiments et réflexions ainsi, la concentration dans le temps de l'action des tragédies permet-elle de susciter la terreur et la pitié par le spectacle des malheurs des personnages. C'est parce que la machine infernale se met en mouvement qu'Œdipe nous émeut, lui qui sera broyé par la révélation presque simultanée de son parricide et de l'inceste. Enfin le théâtre s'est souvent attaché à travers la fiction et l'illusion à dénoncer les travers du monde réel. La satire est en effet présente dès l'Antiquité et se retrouve par exemple dans les pièces de Marivaux. L'Ile des esclaves fabrique une île utopique à laquelle personne ne croit, mais elle devient le lieu d'une possible critique des violences perpétrées par les maîtres contre leurs valets. Conclusion Certes, un spectateur peu averti pourrait définir le genre théâtral comme une somme d'artifices qui cherchent à tromper le public, à lui faire croire à une action illusoire. Mais, en fait, ces procédés ne sont que des moyens grâce auxquels le public peut s'émouvoir par le cœur et par l'esprit. IV - LES FAUSSES PISTES Il ne fallait pas ● se limiter à étudier la forme du monologue ;● oublier de prendre des exemples dans les spectacles vus. Unefiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur L'Art et l'illusion d'Ernst Hans Gombrich Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre. A propos de l’Encyclopaedia Universalis : SciencesIllusionUne illusion postée hier sur Reddit connaît un succès retentissant sur le web. Le principe pour la voir, vous devez cesser de la une illusion un peu particulière pour qu’elle fonctionne, vous devez cesser de la voir. Postée hier sur Reddit, elle comptabilise déjà des dizaines de milliers de votes positifs. Le principe derrière l’effet Troxler est simple fixez votre regard sur un point central, et les éléments immobiles à la périphérie de ce point sembleront disparaître TroxlerDécouvert en 1804 par le médecin suisse Ignaz Paul Vital Troxler, l’effet éponyme repose sur le phénomène d’adaptation neuronale. Notre cerveau a évolué pour repérer les mouvements efficacement, une compétence cruciale pour détecter la présence d’un prédateur. Ainsi, nous avons tendance à ignorer les éléments fixes pour privilégier ceux en mouvement et ceux sur lesquels nous fixons notre l’origine du phénomène l’adaptation neuraleL’illusion qui découle de cet effet s’appuie donc sur ce principe fixez un point situé au centre d’une image et les éléments à la périphérie sembleront disparaître s’ils ne sont pas en mouvement. Dès que vous déplacerez votre regard, ces images réapparaîtront alors dans votre champ de vision. C’est également grâce à l’adaptation neuronale que vous pouvez ignorer le bruit ambiant dans une pièce ou le contact constant de vos vêtements sur votre aussi - Si vous voyez un visage normal sur cette image, vous êtes victime de l'effet Thatcher- Entendez-vous quelque chose en regardant ce GIF ?- Quelle forme de "G" est la bonne ? 72% des personnes répondent faux à ce test, et vous ?

Découvrezune citation L'Art et l'Illusion : Psychologie de la représentation picturale (1996) - un dicton, une parole, un bon mot, un proverbe, La base de données des citations est la propriété exclusive de Frédéric Jézégou producteur du contenu Si l'on connaît de nombreuses citations, il est souvent plus difficile de savoir à quel moment elles ont été dites ou même de citer

L'art est un sujet brûlant de philosophie il déchire les philosophes depuis Platon jusqu'à Heidegger. De discipline mineure à l'Antiquité, l'art est devenue une thématique propre la philosophie esthétique tardivement. Kant, dans la Critique de la faculté de juger, fait de l'art et du sentiment esthétique le troisième pilier de la raison. Certains, comme Nietzsche ou Kierkegaard, feront de l'esthétique un mode de vie, une catégorie existentielle authentique chez Nietzsche, inauthentique chez Kierkegaard. Plus tard, l'Ecole de Francfort et la théorie critique feront de l'art une forme de résistance à la déshumanisation du monde moderne. Les grandes questions relatives à l'art sont les suivantes – L'art est-il une technique ? – Qu'est-ce que le génie ? – Le beau est-il universel ? – Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? – Quel est le rôle de l'artiste ? Pour aller plus loin, voyez notre article sur la définition de l'art Phrases célèbres sur l'art Platon L'art est l'illusion d'une illusion Aristote C'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les hommes Baumgarten Science de la connaissance sensible ou gnoséologie inférieure Kant Le jugement de goût, c’est-à-dire un jugement qui repose sur des fondements subjectifs et dont le motif déterminant ne peut être un concept, ni par suite le concept d’une fin déterminée Critique du Jugement Arthur Schopenhauer L’art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison Friedrich Nietzsche Chez l’homme l’art s’amuse comme la perfection Nietzsche et l'art Oscar Wilde La Vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la Vie citations Oscar Wilde Alain Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même Martin Heidegger L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant elle-même en œuvre Herbert Marcuse L’art brise la réification et la pétrification sociales. Il crée une dimension inaccessible à toute autre expérience – une dimension dans laquelle les êtres humains, la nature et les choses ne se tiennent plus sous la loi du principe de la réalité établie. Il ouvre à l’histoire un autre horizon L'homme Unidimensionnel Bibliographie sur l'Art Nietzsche La Naissance de la Tragédie Kant Critique de la faculté de juge Hegel L'esthétique Platon La République Aristote Poétique Schopenhauer Le Monde comme volonté et comme représentation
1Dansle langage courant, on a coutume d’opposer illusion et vérité : l’illusion est ce qui nous masque la vérité, nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont.Pourtant ne peut-elle pas aussi, dans certains cas, constituer un chemin vers la vérité, un moyen de découvrir ce que nous sommes véritablement, une façon de nous ouvrir les yeux sur nos vrais sentiments et notre
L’illusion est une des composantes de base des arts plastiques. L’artiste plasticien donne à voir une interprétation, une représentation mais aussi une reproduction du monde. Son travail est de remettre en cause la réalité, qu’elle soit esthétique, politique ou sociale et pour cela, l’artiste a besoin de l’illusion comme technique ou comme fin pour rétablir les non-vérités tenues pour des vérités », pour reprendre Friedrich Nietzsche. Les principes de re-présentations » utilisés par l’artiste reconstruisent une certaine réalité qu’il tend à imiter, à transposer ou à transformer en donnant à l’œuvre le sentiment du vrai pour susciter l’adhésion du regardeur. Peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes, vidéastes, designers et architectes utilisent tous de façon directe ou détournée l’artifice dans leur travail, quelque soit le medium utilisé. Par des techniques appropriées, ils parviennent à donner le sentiment du réel ou du vrai. Le peintre donne l’illusion de la réalité par le travail des couleurs quand le sculpteur, lui, donne l’illusion du mouvement et de la vie par le modelé de la matière. Auguste Rodin, Le baiser 1881-1882. L’illusion de la vie s’obtient dans notre art par le bon modelé et par le mouvement » Auguste Rodin Certains plasticiens utilisent consciemment la spécificité illusoire de leur art pour donner à leur œuvre une profondeur particulière qui touche à la perception même du regardeur, pour lui garantir une expérience inédite dans son rapport à la réalité. Comme d’habiles prestidigitateurs, ces artistes manient à la perfection les techniques du trompe-l’œil, des illusions d’optique, des images ambiguës, des effets cinétiques et autres jeux de miroirs. Philippe Mercier, L’Escamoteur 1725. Tout ce qui trompe ensorcèle » dixit Platon. Au-delà de la tromperie première que provoque l’utilisation d’illusions, ces simulacres ont pour but de dérouter, de faire vaciller les sens et la raison pour voir le monde différemment et remettre en cause certaines certitudes établies… Il y a ici une parenté évidente entre l’artiste et l’illusionniste qui sont, tous les deux, les artisans de la construction de perception qui provoque l’illusion dans l’esprit du spectateur. L’effet magique est comparable à un trompe-l’œil en peinture ; ce sont des tours d’esprit. Comme le dit si bien Paul Virilio Le monde de la magie est une illusion et l’art est de présenter l’illusion du monde. » De la préhistoire à nos jours, les arts plastiques se sont développés sur certaines formes d’artifices, des moyens d’expressions directs et souvent visuels pour réinterpréter le monde. Cette petite rétrospective, loin d’être exhaustive, propose un aperçu des principaux mouvements et des artistes majeurs ayant utilisés des outils illusoires. L’art pariétal La peinture, la gravure et la sculpture préhistorique naissent et s’expriment au Paléolithique, dans les profondeurs des cavernes. Ainsi apparaissent les premières oeuvres où domine la faune représentée par des mammouths, bisons, chevaux, cerfs ou bouquetins aux proportions justes et détaillées. Des traces qui laissent à interprétations où se développe une approche structuraliste organisée comme un message symbolique global, ou bien une approche chamanique où les cavernes sont comparables à des sanctuaires religieux. Les artistes paléolithiques utilisaient fréquemment et judicieusement le relief naturel des parois fissures, renflements… pour donner à leurs œuvres une consistance et une illusion de vie spectaculaires. Grotte Chauvet, Lionnes. L’exploitation des reliefs naturels est attestée dans toutes les régions et dans toutes les périodes du paléolithique supérieur et se rencontre dans toutes les espèces de figures animales ou humaines. Cette pratique s’amplifie pendant le Magdalénien et correspond à une recherche du volume. Il y a une volonté d’établir un lien avec le milieu naturel dans un rapport symbolique. Figuration fictive d’un cheval utilisant la morphologie de la paroi et ses reliefs. Dessin de J. Brot extrait du mémoire de Jean Brot, L’utilisation des reliefs naturels dans l’art gravé et sculpté pariétal du Paléolithique supérieur français Dijon, 2015. Dans l’exemple du cheval, le volume ventral de la représentation s’appuie sur une convexité verticale et horizontale de la paroi. La croupe est calée sur un plus petit relief dont elle épouse la forme. La jambe antérieure gauche borde une dépression, ce qui lui donne du relief. Il en est de même pour la zone gorge-ganache. Enfin, une autre dépression ou cupule prend la place du sabot postérieur droit. Ainsi, cette représentation trouve ses dimensions en fonction de la distance séparant les différents reliefs entrant dans sa composition. La restitution de la 3ème dimension est obtenue par soustraction de matière à l’aide du creusement du contour qui est ensuite modelé en fonction de l’effet souhaité. L’art grec Contrairement aux égyptiens qui ne cherchaient pas à provoquer l’illusion de la profondeur et de l’espace mais plutôt à rendre compte de la clarté des choses, Le peuple grec a développé le concept de mimesis qui consiste en un processus d’imitation et donc d’étude de la nature afin de la représenter au mieux et de donner l’illusion que les œuvres d’art ont une existence. Un concept qui annoncera tout l’art occidental jusqu’aux impressionnistes. La mimésis connut un célèbre détracteur nommé Platon. Pour lui, le monde visible est déjà une pâle copie du monde intelligible vers lequel il faut s’élever. La volonté de copier à l’identique sur une toile ou dans une sculpture ce monde imparfait, n’est autre qu’une nouvelle falsification encore plus vulgaire. Pour Platon, c’est la preuve que l’esprit humain vit dans l’illusion, mais qu’en plus il s’y conforte et appelle cela de l’art. Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet. Est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qu’il paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ? » Platon, La République pages 389-369. Platon préférait les images égyptiennes, schématisées par notre esprit et donc plus proche des concepts et des idées intelligibles. Ces images se voulant informatives n’avaient aucune prétention à copier le réel, mais plutôt de le signifier, de le suggérer pour que cette dernière se matérialise en concept dans l’esprit des regardeurs. Vase grec, Hercule combattant le géant. Mosaïque grecque de La Chasse au lion. Détail du visage d’Héphaïstos. Musée archéologique Palais de Pella entre 330 et 310 av. Quoi qu’il en soit, les grecs ont conçu et réalisé les cryptogrammes significatifs des formes en relief, différents des silhouettes aplaties, par l’utilisation d’un code à trois tons pour le modelé de la lumière et des ombres. Un rapport de contrastes essentiel pour donner une impression de détachement illusoire que l’on retrouve sur les vases et autre amphore de l’époque. Ce cryptogramme se retrouve également dans la technique des mosaïques où l’artifice des quatre gradations » suggère une forme dans l’espace souvent en trompe-l’œil. Le trompe-l’œil qui est pour la première fois cité dans la Grèce antique par Pline l’Ancien qui rapporte que Zeuxis avait peint des grappes de raisin d’une telle vraisemblance que les oiseaux se jetaient dessus pour tenter de les picorer. Cette anecdote, restée célèbre, résume toute l’intelligence d’un art de la délectation et de la duperie, qui bluffe à la fois le regard et l’esprit car le trompe-l’œil est avant tout une géométrie de la pensée. Le Parthénon de l’acropole d’Athènes, construit de 447 à 432 av. d’après les plans des architectes Ictinos, Callicratès et Phidias utilise également le trompe-l’œil » par souci d’équilibre et de proportions, afin de rectifier les déformations dues à une vision non frontale de l’édifice et le rendre le plus parfait possible. Sa structure est convexe, et ses colonnes sont légèrement bombées et ont été légèrement inclinées vers l’intérieur de la construction pour paraître droite. Afin de paraître équidistantes, d’autres colonnes étaient inégalement espacées. Le socle, les marches et le fronton sont convexes. De plus, les colonnes d’angle ont un diamètre plus important pour ne pas paraître plus petites. Sachant que les longues lignes horizontales semblent s’arquer, bien qu’elles soient parfaitement droites, les architectes ont courbé délibérément des éléments horizontaux et ont grossi » les colonnes au centre pour compenser les irrégularités de l’œil humain. Cet épaississement au centre donne l’impression que les colonnes ploient un peu sous le poids du toit, rendant le temple moins statique, plus dynamique. Bien que les lignes et les distances du Parthénon semblent droites et égales, la géométrie a été modifiée pour créer cette illusion. On dit que dans cet édifice rien n’est ce qu’il semble être ». L’art romain La peinture de l’Antiquité grecque et romaine est moins connue que la sculpture et l’architecture car il en reste très peu. Nous en avons de très beaux restes avec les peintures murales de Pompéi, ensevelies par l’éruption du Vésuve en 79 après Le IIe style pompéien 80 av. – 20 av. est le plus illusionniste et relève d’une grande sophistication, avec ses scènes théâtrales, ses éléments architecturaux en perspective, ses trompe-l’œil et ses mégalographies peintures panoramiques fantaisistes. Les stucs sont abandonnés au profit des seules surfaces peintes. On y retrouve des scènes figuratives tout en étant irréalistes, des fausses architectures, des jardins à la nature recomposée, des tableaux intégrés dans le tableau, des peintures imitant une peinture. Dans cet art total, la mise en abyme est constante. Le IVe style pompéien à partir de 62 ap. le dernier et le plus répandu, est une synthèse baroque » des trois styles précédents qui reprend les procédés illusionnistes, les architectures fantaisistes et les éléments décoratifs. L’art du théâtre, très développé dans la Rome antique, fera également appel aux peintres pour réaliser des décors. L’influence théâtrale va faire progresser cette peinture dans la représentation de l’espace. Pour créer l’illusion de la troisième dimension le volume et la profondeur, les peintres fresquistes romains utilisent la technique de la perspective linéaire. Pour rendre le volume des corps et des objets, ils utilisent le modelé de tons ». Par ces procédés, l’artiste romain cherchait à rendre l’illusion que le mur n’existe pas ; des espaces ouverts sur l’extérieur par des fenêtres » ou des murs percés ». Cet illusionnisme romain » utilisait également le trompe-l’œil pour imiter différentes matières ou de revêtements comme le marbre. Les artisans mosaïstes seront également friands de ce procédé. Le trompe-l’œil trouve son origine dans les fresques et mosaïques antiques. Le récit le plus ancien qui marque le début du trompe-l’œil est celui de l’écrivain romain Pline l’Ancien 23-79 après Il rapporte dans son Histoire naturelle comment le peintre grecque Zeuxis 464-398 av JC, dans une compétition qui l’opposait au peintre Parrhasius, avait représenté des raisins si parfaits que des oiseaux vinrent voleter autour. Si l’Antiquité est le point de départ de cette illusion parfaite, la Renaissance et le Maniérisme vont amplifier ce phénomène avant que la période Baroque n’en fasse un genre à part entière virtuose et inégalé. La bibliothèque de Celsus à Ephèse en Turquie 135 après JC., conçue par l’architecte romain Vitruoya a été construite sur un terrain étroit entre des bâtiments existants en mémoire de Celsus Polemeanus, qui était un sénateur romain, gouverneur général de la province d’Asie. Malgré l’étroitesse des lieux, la conception de la bibliothèque crée un effet monumental. A l’entrée se trouve une cour de 21 mètres de large pavée de marbre. Neuf marches mènent à une galerie de deux étages. Les frontons courbés et triangulaires sont supportés par une couche à deux étages de colonnes appariées. Les colonnes centrales ont des chapiteaux et des chevrons plus grands que ceux de la fin. Cette disposition donne l’illusion que les colonnes sont plus éloignées qu’elles ne le sont en réalité. Ajoutant à cette illusion, le podium sous les colonnes pente légèrement vers le bas sur les bords. Le Moyen Âge A partir du IVe siècle, avec la fin de l’Empire romain d’occident, la tradition antique de la représentation est interrompue. L’Eglise se développe et devient progressivement la religion dominante. Elle se méfie de la représentation et de l’illusionnisme des images. Elle encourage plutôt une représentation narrative ou symbolique des sujets religieux. Sur la question de la représentation de l’espace, l’art des images au Moyen âge semblent reculer par rapport aux progrès de la peinture romaine. Les artistes ne sont plus préoccupés de donner l’illusion de la réalité. Ils cherchent plutôt à représenter des réalités éternelles ou à raconter des histoires extraites de la Bible. Le rapport entre les personnages n’est plus spatial, mais symbolique par exemple, la taille des personnages n’indique pas leurs positions dans l’espace mais leur degré de dignité ou leur importance dans l’histoire qui est racontée. Le Christ, la Vierge ou les apôtres sont souvent représentés beaucoup plus grands que les autres personnages. Ils semblent flotter dans un espace sans profondeur qui rappelle l’espace des fresques égyptiennes. Ce fond est souvent doré, l’or représentant l’espace céleste. La Pré-Renaissance italienne A la fin du Moyen Âge, en Italie, aux périodes des Duecento et Trecento, des peintres expérimentent de nouveaux moyens de donner l’impression de la profondeur. Ils introduisent plusieurs principes innovants dont le développement d’une complexité architecturale à la perspective empirique. Ambrozio Lorenzetti, l’Annonciation 1344. En 1344, Ambrozio Lorenzetti, peint une Annonciation qui est considérée comme une véritable révolution dans l’Histoire de l’art. La Vierge et l’ange prennent place sur un véritable plan de base représentant un carrelage de faïence en damier. La taille des carreaux de faïence diminue en s’éloignant du bord du tableau et les lignes de leur quadrillage semblent vouloir se rejoindre au centre, donnant ainsi l’impression d’un espace entre le bord et le fond. En réalité, nous ne sommes encore qu’aux balbutiements de la perspective la profondeur, dans le tableau de Lorenzetti, est très vite arrêtée par le fond doré, persistance de la tradition ancienne. Giotto, Les sept vertus, la foi 1306. Giotto 1267-1337, peintre et architecte florentin, marque la rupture définitive de la peinture avec la longue tradition byzantine depuis la fin du monde romain. Giotto est donc considéré comme le créateur de la tradition picturale occidentale. N’ayant aucune connaissance technique ni de l’anatomie, ni de la perspective, il a créé de nouveaux idéaux de naturalisme et un nouveau sens de l’espace pictural. Giotto possédait une maîtrise de l’émotion humaine, un sens aigu de la vie humaine, grâce auxquels il saura dépeindre tous les sentiments en émotions de l’âme humaine. Son influence sera énorme et déterminante et beaucoup d’artistes s’inspireront de son approche directe de l’expérience humaine. Giotto, Campanile de l’église Santa Maria del Fiore Florence, 1298-1349. En 1298, Giotto conçoit et réalise le célèbre Campanile de l’église Santa Maria del Fiore à Florence, mais décède en 1337, avant la fin des travaux en 1349. Avec cet ouvrage monumental, il utilise le trompe-l’œil pour harmoniser les proportions et rétablir la déformation naturelle due au point de vue, la moitié supérieure de l’édifice étant plus large que la moitié inférieure. Giotto. Fresque en trompe-l’œil représentant un lustre en fer forgé à la Chapelle des Scrovegni. Padoue 1305. Giotto. Fresques de la vie de Saint-François à Assise. Le frère Agostino et l’évêque d’Assise sont informés en songe de la mort de François 1182-1226. Les fresques de la vie de Saint-François à Assise peintes par Giotto 1182-1226, ont été élaborées selon la technique du trompe-l’œil, depuis le rideau peint au-dessus des scènes de la vie du saint jusqu’au cadre architectural fictif qui encadre chacune d’elles. Les scènes utilisent les principes de la perspective. La Renaissance italienne Sous l’impulsion de la peinture du florentin Giotto, adepte de l’illusion picturale et de raccourcis savants, le mouvement de la Renaissance Quattrocento et Cinquecento 1420-1530 révolutionna l’histoire de la représentation en mettant à jour, en autre, une loi mathématique cruciale. Avec l’invention de la perspective c’est la remise en cause de l’espace qui est en jeu, dans tous les domaines de l’art. La pensée du théoricien Leon Battista Alberti 1404-1472 a été déterminante dans l’éclosion de ce nouvel ordre urbain illusoire. L’espace représenté ne commence plus aux limites du tableau, mais semble se poursuivre au-delà. Les peintres inventent la perspective centrale qui fonctionne avec un point de fuite vers lequel toutes les lignes de fuite du tableau se rejoignent pour un résultat hautement illusionniste. Masaccio, Trinité 1427–1428 Parallèlement aux recherches d’Alberti, Filippo Brunelleschi 1377-1446 est considéré comme l’inventeur de la perspective, de la formulation du principe perspectif. Il reformule et concrétise les principes mathématiques de la perspective linéaire, déjà observés dans la peinture antique. Les lignes parallèles, visuellement, se rejoignent dans un point de fuite, situé sur l’horizon, ainsi tous les objets et personnages représentés dans l’espace pictural rétrécissent en s’éloignant. Brunelleschi inventera, dans la foulée, la perspective des futurs peintres de la Renaissance Andrea Mantegna, Piero della Francesca, Masaccio, Uccello, Botticelli, Michel-Ange, Véronèse, Léonard de Vinci…. La perspective devient bientôt une loi commune à la nature et à la forme artistique, un art total. La nature est maintenant créée et ordonnée par l’artiste qui se trouve au centre du monde. Avec l’arrivée de la peinture à l’huile, inventée par Jan van Eyck, les effets de matière, marbre, or, cuivre, argent, bois sont poussés au paroxysme du plaisir de troubler les sens. Andrea Mantegna, adepte de raccourcis anatomiques virtuoses, a volontairement conçu la perspective de certains tableaux religieux de telle sorte que le point de vue correct se trouve bien au-dessus des yeux de tout fidèle, en contre-plongée, afin de créer un sentiment de spiritualité chez les observateurs. Fasciné par les marbres antiques qui surgissaient du sol romain, Mantegna modèle également ses figures en utilisant ce que Pline l’Ancien avait appelé color lapidum, la couleur de pierre. Andrea Mantegna, Saint-Jacques conduit au supplice 1453-1457. Andrea Mantegna, Lamentation sur le Christ mort 1490. Andrea Mantegna, Camera degli Sposi, fresque du palais Ducal 1470. Uccello est adepte de figures géométrisées à l’extrême, de jeux bizarres et très personnels avec les règles de la perspective et d’images chronoscopiques bien avant l’heure. Il veut mettre la perspective au service d’une dynamique et non au service de l’illusion d’un espace en trois dimensions. Il est donc prêt à abuser de la théorie de ses contemporains Alberti et Brunelleschi, prêt à commettre des fautes d’optique ou des bizarreries pour privilégier le Temps par rapport à l’Espace, autrement dit pour transcrire le mouvement. Cette volonté est présente d’un bout à l’autre de sa production et s’impose comme la marque de son œuvre. Paolo Uccello, La Bataille de San Romano 1456. La Cité idéale peinte vers entre 1475 et 1480 est une perfection en matière de perspective centrale. L’espace est représentée de manière convaincante et pourtant, il y a quelque chose d’irréel, de trop parfait dans cette cité aux proportions trop régulières et visiblement inhabitée… La Cité idéale de Baltimore, d’Urbino et de Berlin 1475-1480. Dans l’Annonciation 1437 de Fra Angelico, la visite de l’ange a lieu dans une vraie architecture et on aperçoit sur la gauche un jardin qui semble se poursuivre au-delà du bord. Fra Angelico, l’Annonciation 1437. Dans l’Annonciation 1440-1442 de Filippo Lippi, le peintre a voulu donner le maximum de profondeur à son tableau et le regard se perd dans le lointain. Dans La Vierge à l’enfant avec deux anges 1437-1465 l’illusion de la profondeur est renforcée par un fauteuil en trompe-l’œil qui sort d’un tableau. Filippo Lippi, l’Annonciation 1440-1442. Filippo Lippi, Vierge à l’Enfant avec deux anges 1465. Très vite, certains peintres comme Léonard de Vinci, qui utilise lui aussi la perspective, vont remettre en question la perspective comme moyen unique et absolu de représenter la profondeur. Selon eux, la perception que nous avons de l’espace n’est pas aussi mathématique dans la réalité. L’espace du paysage qui constitue le fond de la Joconde, qu’il peint vers 1506, n’est pas un espace cohérent il n’y a pas de continuité entre la partie à droite du visage de Mona Lisa et la partie à gauche. Leonard de Vinci a le secret de composer des êtres fantastiques dont l’existence devient probable …. Il fait un christ, un ange, un monstre en prenant ce qui est connu, ce qui est partout, dans un ordre nouveau, en profitant de l’illusion et de l’abstraction de la peinture, laquelle ne produit qu’une seule qualité des choses, et les évoque toutes. » Paul Valery La chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange entre 1508 et 1512 au Vatican à Rome est le plus vaste trompe-l’œil de l’histoire. Les villas de Toscane et de Venise se rapprochent des peintures illusionnistes contemporaines. Les murs nus s’habillent d’architectures somptueuses. Dans les décors peints entre 1560 et 1561 par Véronèse à la villa Barbaro, en Vénitie, la fiction s’éprend de la réalité, et l’œil ne saurait dire où commence la feinte et où s’arrête la paroi. En levant les yeux, on aperçoit des balustrades sur lesquelles se penchent des personnages qui épient le visiteur. Il s’agit non seulement de créer un écrin, mais de composer une scénographie dans laquelle l’observateur est pris à partie. Andrea Palladio 1508-1580, l’une des figures majeures de la Renaissance italienne, a conçu Le Théâtre Olympique de Vicence, inauguré en 1585. Une œuvre d’art unique entièrement construite en trompe-l’œil suivant les principes de la perspective et du tout nouveau courant artistique baroque. L’Allemagne aura également sa période de Renaissance aux XVe et XVIe siècle avec Albrecht Dürer, théoricien de la géométrie de la perspective linéaire, qui utilise la grisaille et les lignes du dessin pour créer l’illusion de la profondeur dans ses études sur les mains, drapées et autre crâne. Albrecht Dürer, Crâne 1521. L’anamorphose Pour Brunelleschi, il est essentiel que la représentation soit définie à partir d’un point de vue unique et constant. C’est ce point de vue qui est au centre de l’anamorphose, qui est une dérive de la perspective, une déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique tel un miroir courbe ou un procédé mathématique. Cette perspective dépravée » résulte des applications des travaux de Piero della Francesca 1412-1492. Cet art de la perspective secrète » dont parle Dürer connaît des applications multiples, dans le domaine de l’architecture et du trompe-l’œil pictural dont le baroque abusera. Depuis les œuvres chinoises datant de la dynastie Ming 1368-1644 et la toile Les Ambassadeurs 1533 de Hans Holbein le jeune, le procédé anamorphique est présent dans l’histoire des arts. Hans Holbein, Les Ambassadeurs 1533. L’anamorphose est une image codée, une quintessence de la forme, une prouesse technique qui produit du sens et de la poésie comme le dit Jurgis Baltrusaitis dans son ouvrage Anamorphose 1955 Ce procédé est établi comme une curiosité technique, mais il contient une poétique de l’abstraction, un mécanisme puissant de l’illusion optique et une philosophie de la réalité factice. » Erhard Schon, Portraits en anamorphoses de Charles V, Ferdinand I, Pape Paul III et Francis I 1535. L’anamorphose refera surface avec des artistes plasticiens contemporains utilisant ce procédé dans leurs œuvres sous différents supports comme Felice Varini avec la peinture spatiale, Georges Rousse avec la photographie, Markus Raetz et Tjeerd Alkema avec la sculpture, Bernard Pras, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Tim Noble et Sue Webster avec leur sculpture-installation de lumière composite. L’art Flamand L’œuvre de Jan van Eyck 1390-1441 est frappante par son réalisme. Bien que cela soit déjà une caractéristique de la peinture flamande, la précision et la maîtrise des détails atteignent avec lui un niveau allant jusqu’à la perfection. L’atmosphère générale de ses tableaux provient de ses éclairages, des jeux d’ombre et de lumière, qui donnent les volumes et matérialisent l’espace. Jan van Eyck. Triptyque de Dresde ouvert et fermé 1437. L’illusion de la profondeur est chez lui, le résultat de l’utilisation de la perspective atmosphérique au sein d’une composition souvent à deux points de fuite. Il invente également un liant qu’il utilise avec la peinture à l’huile et qui lui permet de créer un aspect brillant et de travailler les transparences. La perspective et de la lumière caractérise l’art de Van Eyck qui est un précurseur dans ce domaine. La lumière qui traverse la vitre modèle les formes avec délicatesse et crée la sensation d’espace ; le cadre architectonique et le recours au miroir au fond de la pièce donnent l’illusion de la profondeur. Cependant, l’anamorphose du miroir et l’inscription calligraphiée sont une négation de l’illusion de profondeur. Van Eyck opère comme un retournement de l’espace représenté, il fait obstacle au regard du spectateur et lui interdit de se laisser glisser mentalement dans l’illusion. Jan van Eyck, Les Époux Arnolfini 1434. Avec Les Époux Arnolfini 1434, la perspective de Van Eyck dit autre chose plus symbolique que naturaliste, ainsi plusieurs points de fuite coexistent dans la représentation spatiale celle de la fenêtre aboutit sur le cœur de l’épouse, celle du lit sur le cœur de l’époux, celle du peintre et de l’observateur et du reste du décor, planche, meuble… sur le miroir, une démonstration en somme en épanorthose de l’affirmation des Florentins et d’Alberti en particulier qui se disent alors inventeurs de la perspective ». Le tableau, peut se lire comme la première mise en garde contre les mirages et les dérives de la perspective. Jan van Eyck, l’Annonciation 1433. Inspiré par la préciosité des retables de dévotion an ivoire, l’artiste flamand peint le diptyque de l’Annonciation 1433 tel un trompe-l’œil sculptural virtuose qui déborde du cadre. La vierge et l’archange Gabriel se détachent du fond comme deux figures tridimensionnelles peintes en grisaille, comparables à des sculptures. Peindre dans une gamme chromatique restreinte s’apparente à un geste d’émancipation, un acte libérateur qui permet à l’artiste de se concentrer sur une esthétique purement formelle. Le maniérisme Le maniérisme 1520-1580 se développe avec la contre-réforme et déploie des artifices au niveau des personnages et dans l’insertion de motifs insolites. Ce courant contestataire aime à rompre avec les codes de la Renaissance tout en les réinterprétant, à déformer les corps et les paysages en utilisant l’anamorphose comme base esthétique. Les peintres maniéristes renoncent à représenter un espace cohérent et réaliste Des artistes comme le Parmesan, le Pontormo, le Tintoret, Cellini et le Greco sont passés maîtres dans la représentation de scènes bibliques étranges et exacerbées, utilisant une déformation organique et spatiale ainsi qu’une exploitation surréaliste et acide de la couleur. Domínikos Theotokópoulos le Greco, L’immaculée conception. Chapelle Oballe de l’église San Vicente à Tolède 1608-1613. Girolamo Francesco Maria Mazzola le Parmesan, Autoportrait au miroir convexe 1524. Dans la Déposition de Croix de Pontormo 1527, nous voyons un groupe de personnage se tenir sur un sol à peine esquissé qui remplit tout l’espace du tableau dans des teintes pastel irréelles. Jacopo Robusti le Tintoret, Le miracle de Saint Marc délivrant l’esclave 1548. Chez le Tintoret, les compositions sont surprenantes, jouant avec la perspective, usant de contre-plongée audacieuses, multipliant les points de vue et détournant les règles de la représentation illusionniste pour donner à voir la vie et traduire les tourments de l’âme. Le célèbre biographe Vasari décrit l’artiste comme le plus terrible esprit qu’ait jamais connu la peinture… Il est allé plus loin que l’extravagance, par la bizarrerie de ses inventions ». Pour Paolo Pino, si le Titien et Michel-Ange ne faisaient qu’un, c’est-à-dire la couleur alliée au dessin, on pourrait appeler cet homme le Dieu de la peinture. » Giuseppe Arcimboldo, Vertumne 1590 Dans cette mouvance, Arcimboldo réalise des images composites à double sens qui oscillent entre le fantastique et le très connu, comme la série des Quatre saisons avec ses fruits et légumes représentant des portraits humains. Selon que l’observateur soit proche ou non du tableau, il reçoit deux images différentes. C’est aussi le cas avec ses images réversibles. L’éloignement et la proximité sont fondateurs de sens et mettent à jour l’allégorie de l’œuvre. Le peintre et graveur flamand Marcus Gheeraerts l’Ancien 1520-1590 utilisera la technique de l’image composite dans L’allégorie des Iconoclastes 1566–1568. L’image composite maniériste se développera à travers les siècles suivant, jusqu’à nos jours avec les accumulations et la classification d’objets industriels du britannique Tony Cragg ou les compositions de matériaux disparates qui constituent une figure de l’illusionniste low-tech » et photographe brésilien Vik Muniz. Hendrik Goltzius, Icare 1588. Le peintre, dessinateur et graveur néerlandais Hendrik Goltzius 1558-1617 s’est illustré dans de rares et étonnants grands formats de pen paintings, ou copies au crayon sur toile, de ses propres gravures. Entre 1593 et 1594 Goltzius réalise un cycle de six planches – connu sous le nom de chef-d’œuvre de Goltzius » où il s’applique à reproduire les styles des maîtres tels que Dürer, Lucas de Leyde, le Baroche, le Parmesan, Raphaël ou le Bassan dans une démarche de copiste à la limite du faussaire. La transmogrification » issue du maniérisme consiste à créer des représentations à la fois familières et monstrueusement transformées. Nous retrouvons ces anomalies » dans les visages et les corps du Greco et plus tard, au XXe siècle, dans les figures longilignes de Modigliani, les sculptures filiformes de Giacometti, les personnages déformés de Francis Bacon ou les objets gigantesques de Claes Oldenburg. Le baroque L’âge baroque XVIe-XVIIe aura été l’apothéose de l’utilisation des techniques illusoires et du trompe-l’œil. La virtuosité atteint alors son comble et doit beaucoup aux techniques de la perspective et du clair-obscur utilisées. Un style exubérant, décoratif et riche de mouvements qui vampirisera la littérature, la musique, le théâtre, l’architecture, la peinture et la sculpture jusqu’à les confondre. La peinture se mue en architecture et l’architecture en sculpture. Les formes artistiques explorent les limites de leur expression et les dépassent en une fusion affolant les sens. Baldassarre Perruzi, Le salon des Perspectives Villa Farnesina, Rome, 1507-1511. Le Baciccio Giovanni Battista Gaulli. Le Triomphe du nom de Jésus. Eglise du Gesù à Rome 1672-1683. Francesco Borromini, La perspective de Borromini. Galerie du palais Spada 1652-1653. L’art baroque est un art total, un art de mise en scène où la scénographie et la théâtralité sont les vecteurs de l’expérience immersive qui met le regardeur-spectateur au centre de l’œuvre. Anamorphoses, effets de perspective, trompe-l’œil, espaces concaves et convexes, mouvement intérieur, composition en vrille et diagonale, ombre et lumière, seront des techniques utilisées par les stars de ce mouvement polymorphe comme le Bernin, Borromini, le Baciccio, Andrea Pozzo, le Caravage. Gian Lorenzo Bernini le Bernin, L’Extase de sainte Thérèse. Eglise Santa Maria della Vittoria de Rome 1647-1652. Andrea Pozzo, Fresques Actes d’Hercule et son apothéose Viennes, 1704. Caravage, Méduse. Huile sur cuir marouflé sur bouclier en peuplier. Musée des Offices, Florence 1597-1598. Le Caravage, peint des personnages certes très réalistes, mais dans un décor nocturne d’où toute notion d’espace a disparu. Joos de Momper, Winter 1600-1630. Le XVIIe verra également apparaître de troublants paysages anthropomorphes comme ceux de Merian Matthaüs 1593-1650 et Joos de Momper 1564-1635, ou des images cachées apparaissent dans une double lecture. Ce procédé est l’héritage des paysages fantastiques chinois et des miniatures Indo-Persanes. Image composite moghole représentant un éléphant monté par un génie à tête de bouquetin détail, XVIIe siècle. Dans la continuité du maniérisme, les peintres Moghols développeront de fascinantes images d’animaux composites… Bien plus tard, aux XIXe siècle, le peintre et graveur japonais Utagawa Kuniyoshi sera un adepte des images composites dans certains de ses travaux. Cornelis Norbertus Gysbrechts, Trompe-l’oeil d’un placard ouvert 1665. Le flamand Cornelis Norbertus Gysbrechts 1630-1675 sera le principal représentant du trompe-l’oeil pictural spécialisé dans les natures mortes et les vanités au XVIIe siècle. Les artistes néerlandais du XVIIe peindront l’intérieur de boîtes appelées coffrets de perspective » ou boîtes d’optique » de telle sorte qu’en regardant à l’intérieur, à travers un trou situé au centre de la projection, on voie une scène tridimensionnelle qui s’étend bien au-delà des limites de la boîte. Le peintre, graveur et poète Samuel van Hoogstraten adepte du trompe-l’œil dans ses peintures et natures-mortes utilisera ses connaissances en perspective, les effets de trompe-l’œil et les distorsions de l’anamorphose pour construire ses boîtes d’optique » comme celle avec des vues intérieures d’une maison néerlandaise 1655-1660 qui peut être observée par des orifices situés de chaque côté de la boîte. Le siècle des Lumières Au XVIIIe siècle, période charnière de transition entre le classicisme et le néo-classicisme, voit apparaître le mouvement rococo qui, comme le baroque, va se propager à l’architecture, la peinture, la sculpture et les arts décoratifs. Stylistiquement, le rococo déploie une profusion d’ornementations, un éclatement de toutes formes de structures et un condensé de sensations fugitives. La décoration intérieure est la plus significative de ce style et se développe en France et surtout en Bavière. En Italie, le rococo est rattaché aux derniers artistes du baroque comme Borromini ou Guarini. Le vénitien Giovanni Battista Tiepolo 1696-1770, spécialiste des fresques en trompe-l’œil développe tout son art du raccourci dans les palais et les églises à Venise et en Bavière. Giovanni Battista Tiepolo, Allégorie du Mérite Accompagnée de la Noblesse et de la Vertu 1757-1758. Le peintre flamand Martin-Joseph Geeraerts 1707-1791 fût un grand maître de l’illusionnisme spécialisé dans un type de peinture en grisaille imitant avec brio les bas-reliefs de l’antiquité ou les sculptures monumentales de ses contemporains. Martin-Joseph Geeraerts, Jeux d’enfants grisaille. Martin-Joseph Geeraerts, Ensemble de grisailles de la cathédrale Notre-Dame de Cambrai à Arras 1756-1760. Les neuf grisailles de la Cathédrale Notre-Dame de Cambrai sont des pièces artistiques majeures réalisées par Geeraerts entre 1756 et 1760. Exécutées d’après Rubens, elles sont en trompe-l’œil et reproduisent superbement l’effet de la sculpture. Les quatre grisailles du transept Saint-Joseph mettent en scène la Passion du Christ, les quatre autres, dans de la chapelle Notre-Dame de Grâce, illustrent des scènes de la vie de Marie. La neuvième se trouve dans la sacristie de la cathédrale. Ces grisailles ont été emportées par les Allemands lors de leur retraite en 1918. On les a retrouvées à Bruxelles avec d’autres œuvres d’art. Elles étaient de retour à Cambrai en avril 1919. Piranèse. Les Prisons imaginaires, planche XIV. Estampe 1750. Giovanni Battista Piranesi fut un grand créateur de décors fantastiques. Il rompit volontairement avec les lois de la perspective pour jouer avec les limites du possible en créant des anomalies architecturales. William Hogarth 1697–1764 – Fausse perspective 1754. Matthäus Merian, double portrait extrait de Basel’s dance of death. Gravure sur cuire de Jacques Antony Chovin 1744-1789. Le XIXe siècle Louis-Léopold Boilly 1761-1845, peintre des Lumières aux talents multiples et à l’humour humaniste, était un virtuose du portait, des scènes de genre et du trompe-l’œil. Trompe-l’œil qu’il est le premier à se réclamer avec ses peintures en 1800. Grand amateur de théâtre et d’optique, Boilly provoque la rétine avec une toile imitant de façon hallucinante, dans un cadre factice, un amas de dessins et de gravures aux feuilles légèrement cornées dont un autoportrait de lui hilare. Ses Trompe-l’œil sont bluffants comme son Chat gourmand, des tables de jeu littéralement renversantes et des peintures encadrées dont le verre semble brisé. Louis-Léopold Boilly, Trompe-l’oeil avec un chat et une bûche de bois à travers une toile, poissons suspendus de la civière. Louis-Léopold Boilly, Trompe-l’oeil aux pièces de monnaie, sur le plateau d’un guéridon 1808-1814. Au XIXe siècle, le peintre, aquarelliste et graveur catalan Pere Borrell del Caso se fera principalement connaître pour ses tableaux en trompe-l’œil, dont le célèbre Escapando de la crítica 1874. Pere Borrell del Caso, Niñas riendo 1880. Utagawa Kuniyoshi, Man made of men. Image composite 1847. L’art moderne La peinture impressionniste apparaît officiellement en 1872 lorsque Claude Monet peint Impression Soleil Levant, œuvre qui donnera son nom au mouvement. Un mouvement qui rejeta le classicisme, l’académisme et le processus de la mimesis instaurés durant des siècles en les remplaçant par un ressenti subjectif et perceptif des choses. Pour représenter la nature, l’artiste se fie à ses impressions. Le pointillisme ou divisionnisme est instauré par Georges Seurat dans les années 1880. Ce mouvement est classé dans un courant artistique dit néo-impressionniste ». C’est un procédé de petites touches de couleur juxtaposées qui donne l’illusion d’une image figurative, observée à la bonne distance. Une technique utilisée depuis le XVIe siècle mais montée en système par Paul Signac. Georges Seurat, La Seine à Courbevoie détail, 1885. Le cubisme 1907-1921 représenté par Pablo Picasso et Georges Braque redéfinira la peinture figurative en la projetant dans une multitude de points de vue, décomposant et rassemblant les objets et les figures humaines, pour annoncer l’art abstrait de Kandinsky. Pablo Picasso, Portrait d’Amboise Vollard 1909-1910. Le surréalisme instauré par André Breton en 1924 est défini comme un automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale […] ». La psyché, le rêve, les croyances, l’ésotérisme et la magie dirigent ce mouvement. Salvador Dali, Ballerine et Tête de Mort 1939. René Magritte, La reproduction interdite 1937. Les œuvres surréalistes aiment les devinettes et les puzzles visuels. L’image se double, s’inverse devient ambiguë dans une mise en abyme ludique. René Magritte, Max Ernst, Man Ray et surtout Salvador Dali exploitent des rebus polymorphes à plusieurs entrées d’interprétations. Les illusions d’optique En parallèle des découvertes sur la persistance rétinienne qui produira de nombreux jouets optiques créant l’illusion du mouvement ou du relief, dans les années 1860, psychologues, physiologistes et physiciens allemands produisent une étonnante série d’illusions d’optiques comme Adolf Fick, Johann Karl Friedrich Zöllner, Johann Christian Poggendorff et Ewald Hering. Plus tard, les psychologues Franz Müller-Lyer, Hermann Ebbinghaus, Edward Bradford Titchener, James Fraser et Mario Ponzo produiront respectivement l’illusion Müller-Lyer 1889, l’illusion Ebbinghaus 1901, la spirale de Fraser 1908 et l’illusion de Ponzo 1911. L’illusion de Zöllner 1860. L’avènement du gestaltisme ou psychologie de la forme en 1890 initié par le philosophe autrichien Christian von Ehrenfels a débouché sur une théorie selon laquelle les processus de la perception et de la représentation mentale traitent spontanément les phénomènes comme des formes globales. Les principales lois de la gestalt appartiennent au domaine visuel comme la loi de la bonne forme, de continuité, de la proximité, de similitude, de destin commun et de familiarité. Canard-lapin. figure ambigüe réversible et bistable. Dessin publié dans le journal satirique munichois Fliegende Blätter 1892. William Hill, Une jeune fille et une vieille femme 1915. Caricature tirée d’une carte postale allemande de 1888. De nombreuses découvertes optiques dans le domaine scientifique n’en finissent pas d’apparaître jusqu’à nos jours, comme L’illusion de Michael White 1979, L’illusion de Thatcher de Peter Thompson 1980, l’illusion de Pinna 1990, l’illusion d’Adelson 1995, ou l’illusion Rotating snakes de Akiyoshi Kitaoka 2003. Le temple des illusions regroupant les illusions de Zolner, Fraser, Hering et Ehrenstein. Nigel Rodgers, Illusions d’optique 1999. Connues depuis l’Antiquité, les illusions d’optique étaient utilisées pour la construction des temples grecs et des pyramides bien avant qu’on en connaisse les causes. Elles surviennent naturellement ou sont créées délibérément par des dispositifs qui utilisent certains principes de fonctionnement du système visuel humain. Ces perceptions sont aussi les expériences dont les neurosciences disposent pour expliquer la vision. On peut regrouper les illusions d’optiques en quatre grandes catégories les illusions cognitives, les illusions physiologiques, les curiosités optiques et les énigmes visuelles. Dans les illusions cognitives nous pouvons classer le rapport fond/forme, les illusions géométriques, l’effet Stroop, l’illusion de relief, l’illusion de lecture, les figures impossibles, les illusions faciales, les images fantômes, les ambigrammes. Dans les illusions physiologiques nous pouvons classer les images hybrides, les images rémanentes, la 3D, la tâche aveugle, les mouvements virtuels, les effets de contraste et l’effet Troxler. Les nombreuses découvertes optiques dans le domaine scientifique vont influencer un grand nombre d’artistes qui utiliseront ces principes d’illusions visuelles et paradoxes perceptifs dans leur travail. Oscar Reutersvärd, 132. Le triangle de Penrose, objet impossible conçu par le mathématicien anglais Roger Penrose dans les années 1950, sera une figure essentielle des travaux de l’artiste Maurits Cornelis Escher. Cette figure a été décrite pour la première fois en 1934 par le suédois Oscar Reutersvärd 1915-2002 qui est le premier à avoir introduit les figures impossibles dans l’art. Elle a été redécouverte par Penrose qui en publie le dessin dans le British Journal of Psychology en 1958. Dans cette même publication nous retrouvons l’escalier de Penrose que reprendra Escher pour sa fameuse lithographie Montée et Descente 1960. Escher, Montée et Descente 1960. Maurits Cornelis Escher est connu, depuis les années 1920, pour ses troublantes lithographies et ses dessins figurant des labyrinthes et des constructions impossibles. Un artiste populaire, rattaché à aucun mouvement artistique, qui expérimentait de nouvelles formes en travaillant les fausses perspectives, en décalant les angles de vue et en exploitant la relativité des points de fuite. Escher, Main se reflétant dans une sphère 1935. Escher influencera un nombre incalculable d’artistes qui reprendront ses constructions et ses compositions illusionnistes dans des variations infinies jusqu’à nos jours. Entre image composite et paysage anthropomorphe, le travail réaliste magique du peintre et illustrateur canadien Rob Gonsalves en est le meilleur exemple. Rob Gonsalves, Carved in Stone 1995. Istvan Orosz, Balcon 1997. Victor Vasarely, Gamma. Fondation Vasarely 1958. Victor Vasarely, avec le mouvement de l’art optique dans les années 1950, aura porté et transcendé les illusions d’optiques à un niveau jamais atteint en réinterprétant diverses illusions comme celle de Ehrenstein ou de Kanizsa. Roger N. Shepard, Dilemme dorique. Dessin sur le principe du Blivet le trident à deux dents et de l’anomalie figure-fond 1990. Seules des conditions artificielles, comme celles que peuvent concevoir un psychologue de la perception, un magicien ou un peintre en trompe-l’œil, nous rendent conscient du puissant travail de déduction qu’effectue le mécanisme caché de notre système visuel. » Shepard Francis Tabary, Grand Penrose aluminium. Le magicien et sculpteur Francis Tabary conçoit depuis 2003 des sculptures impossibles basées sur le principe de Penrose, ainsi que des ambigrammes en volume. Gérard Bakner. Eloge du mouvement 2. D’après un buste de Franz Xaver Messerschmidt et sur le principe de l’illusion d’Hajime Ouchi 1973. Tirage numérique sur Dibond 2016. Le magicien et artiste Gérard Bakner, revisite de célèbres illusions d’optiques pour créer ses impressions numériques comme l’illusion de la grille d’Hermann, l’illusion de Poggendorff, l’effet Troxler, l’illusion de Kanizsa, l’illusion de Ehrenstein, l’illusion de Ouchi et l’illusion de Pinna. Philippe Socrate, Flamme partagée 2017. Ce travail graphique revisite magistralement la perception figure-fond connue par le dessin du vase du psychologue Edgar Rubin 1915, dont les antécédents sont les vases funéraires révolutionnaires cachant des profils vers 1795. Le magicien, médecin et graphiste Philippe Socrate a développé tout un travail sur les illusions d’optique ; une passion qu’il cultive depuis 30 ans. Dans ce domaine on ne peut rien faire d’original, si on ne met pas les mains dans le cambouis. » dit-il. De 2015 à 2017, il a passé trois heures par jour sur Photoshop pour produire un merveilleux livre qui est une référence en la matière Tous les secrets des illusions d’optique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017. Il expose aussi au grand public un Quiz Optique interactive lors de soirées privées d’entreprises. Ken Knowlton, Portrait de Martin Gardner 1993. L’artiste américain Ken Knowlton développe en 1980 tout un travail graphique à l’aide de double dominos pour composer des portraits figuratifs. Il reprend, à sa façon, la technique des peintres pointillistes de la fin du XIXe. Simon Batman vs Penguin, Criminal Underworld. Figure réversible 2010. Le photomontage La photographie a cette particularité d’être considérée comme la plus vraisemblable preuve, document et la plus suspecte manipulations, trucage. Les manipulations de l’image photographique accompagnent cette pratique depuis son invention. La photographie spirite s’emparera du trucage argentique et de la double exposition dès les années 1860 avec William Mumler pour produire des images surréelles de fantômes, revenants et autres décapités réalisés à la main, grâce au découpage et à la superposition de négatifs. William Mumler. Photographie spirite vers 1860. Dans les années 1870, le photomontage est utilisé par Ernest Appert, mais c’est à partir des années 1917 qu’il va se propager avec le mouvement constructiviste russe par l’intermédiaire d’Alexander Rodtchenko et El Lissitzky et avec le Dadaïsme. Deux utilisations différentes l’une politique, l’autre poétique. Photographie expérimentale, Russie vers 1920. John Heartfield, Adolf le surhomme ingurgite de l’or et débite des balivernes. Photomontage 1932. B. Klintch, Staline. Photomontage du 1er mai à Moscou 1936. La propagande politique de certains pays comme la Russie utilise cette technique comme trucage pour réécrire l’histoire » en effaçant ou transformant argentiquement » une certaine réalité photographique. Le travail du photographe américain Jerry Uelsmann est considéré comme précurseur du photomontage au XXe siècle. Il crée ses photomontages à partir de plusieurs négatifs photographiques en se servant des outils et procédés de trucage entièrement analogues. Son travail, qui est à la hauteur des photomontages numériques, s’inscrit dans un surréalisme photographique. Un grand nombre de ses images sont de vrais trompe-l’œil surréalistes. Jerry Uelsmann, Untitled 1997. Maggie Taylor, The visitor 2011. La retouche d’images et le développement des trucages photographiques numériques assisté par ordinateur s’est développé depuis les années 1990 avec la propagation de logiciels comme Adobe Photoshop. Des artistes comme Maggie Taylor, Barry Frydlender, Eva Lauterlein, Adam Magyar, Erik Johansson, Eric Rondepierre, Jean-François Rauzier sont des virtuoses de ce procédé. Erik Johansson, Reverberate 2011. Eva Lauterlein, Chimères 2017. L’école allemande composée d’Andreas Gursky, Candida Höfer, Axel Hütte et Thomas Demand, travaillent depuis les années 1970 dans la lignée de la Nouvelle Objectivité, un mouvement qui visait à représenter sans fard le réel dans les années 1930. Ils introduisent tous l’illusion dans leur composition. Loin de dupliquer la réalité ou d’en conserver une trace objective, ils attachent à prouver que c’est au moyen de l’illusion que s’opère une certaine forme de vérité. Andreas Gursky, The 99 Cent II 1999. Andreas Gursky produit des images sous la forme de séries donnant le vertige. Qu’il s’agisse de foules humaines foisonnantes, d’objets présentés de façon démultipliée, d’images répétées et accolées les unes aux autres, tout semble démesuré, hors de proportion. Les modalités de fabrication de ces images à caractère souvent illusoire d’un réel figé et découpé de façon systématique s’effectuent à l’aide de techniques de retouche par ordinateur, alternant effets de masse et aplats abstractisants. Il combine ainsi plusieurs photographies d’un même objet prises d’endroits différents, donnant à voir une vue qu’il serait impossible d’observer dans la réalité. Alex Hütte explore, quand à lui, l’architecture anonyme et les friches urbaines, jouant avec la frontalité des vues tout en accentuant le caractère descriptif du médium photographique. L’image qu’il donne du monde paraît figée et fausse. Elle est morcelée du fait de la sérialité des vues. Cernant les bâtiments, ciselant les silhouettes, gommant des détails qui perturbent la lecture de l’image, l’artiste transforme, au moyen du numérique, ses vues en une fausse réalité, où tout serait ordonné. Thomas Demand, Desk 1994. Chez Thomas Demand, d’autres moyens de jouer avec les vérités et les mensonges de l’image sont à l’œuvre dans des espaces soigneusement élaborés sous forme de maquettes en carton et papier à l’échelle 1 1, qui sont ensuite photographiées pour reproduire des lieux de la vie quotidienne, comme s’il s’agissait d’espaces réels. L’artiste s’acharne à façonner une réalité et à tromper le spectateur, tout en s’amusant simultanément, par le biais d’indices, de failles et de légères imperfections, à rendre perceptible cette duperie. Demand révèle ainsi son travail de maquettiste dans de faux trompe-l’œil qui redoublent le jeu de l’illusion perceptive et piège le regard. A l’inverse des photographes utilisant le numérique, un artiste comme Bernard Voïta joue de la nature artificielle et trompeuse de la photographie pour composer des espaces illusionnistes travaillés sur différents plans de l’espace avec une multitude d’objets et sans montages, ni retouches dans le résultat final. Quand à Philippe Ramette, il utilise des trucages physiques cachés Prothèses-sculptures pour donner à ses photos des effets d’équilibres impossibles qui défient les lois de la gravité et de la logique. Philippe Ramette. Promenade irrationnelle, exploration rationnelle des fonds sous-marins 2006. Qu’il s’agisse de jouer avec la notion d’illusion ou de faire transparaître des indices témoignant d’une tromperie, l’image photographique vise souvent à mettre à mal l’attitude du spectateur envers ce qu’il contemple. L’art contemporain L’art contemporain après 1945 aura vu se développer des courants artistiques basés essentiellement sur l’illusion du volume et l’esthétique du mouvement, comme l’art optique et l’art cinétique dans les années 1950 et 1960. En 1951, les premières œuvres optiques sont basées sur le contraste entre le noir et le blanc. C’est la persistance rétinienne qui donne naissance à une illusion d’optique ou de mouvement dans l’œuvre. Victor Vasarely est considéré comme le père de l’art optique et cinétique qu’il théorisera dans son Manifeste jaune en 1955 où il jette les bases de la plastique cinétique et annonce une nouvelle ère artistique où les notions de mouvement, d’instabilité et de transformation sont au centre du dispositif. Le mouvement repose uniquement sur des phénomènes optiques, la lumière et le déplacement du spectateur face aux œuvres. L’appréhension par le regard est le seul créateur de l’œuvre. Victor Vasarely, Vega 201 1968. Très vite, Vasarely invente ses propres codes, où le dialogue entre la couleur et la forme définit une sémantique géométrique. Il joue avec les effets optiques qui sont autant de mise en garde sur les divergences, qui trahissent aussi la réalité d’un monde incertain ». Il part du fait que notre perception traite spontanément les phénomènes de façon structurée ; il est donc aisé de lui jouer des tours ! Il fonde son message et l’efficacité de son art sur une condition universelle la condition humaine perceptuelle. Fondation Vasarely. Aix-en-Provence 1976. Nous pouvons avoir un aperçu du génie créateur de Vasarely en visitant sa Fondation à Aix-en-Provence, ouverte en 1976, véritable chef-d’œuvre et point d’orgue d’une vie de recherche et d’expérimentation qui concrétise ses idées sur l’intégration de l’art dans la cité. Cette cathédrale visuelle composée de 16 cubes juxtaposés formant un ensemble de 90m de long, 45m de large et 12m de haut intègre 44 œuvres monumentales en aluminium, tapisserie, verre, émail, céramique… Un voyage immersif extraordinaire dans ce lieu expérimental de recherches tourné vers l’avenir ! Non seulement l’art cinétique tient compte du fait que le spectateur construit sa vision par la vision stéréoscopique des deux yeux et le balayage constant du champ visuel, mais joue, en plus, avec cet aspect actif de la vision, notamment en cherchant toutes les conditions ambiguës qui font que cette vision ne peut se stabiliser sur une interprétation, mais est obligée d’osciller de l’une à l’autre. » Victor Vasarely Chef de file, Vasarely fera découvrir au monde le travail de ses collègues Julio Le Parc, Jesus-Rafael Soto, Jean Tinguely, Yaacov Agam, Robert Jacobsen, Bridget Riley, Pol Bury, José Maria Yturralde et Nicolas Schöffer. Ce dernier faisant évoluer l’art cinétique vers le cybernétique et l’interactif avec ses sculptures-spectacles, mélange de théâtre d’ombres et d’installation hypnotique. C’est à New York, en 1965, que le mouvement de l’art optique, ou op art, connut un début de reconnaissance internationale avec l’exposition du MoMA intitulée The responsive eye. Les tableaux avaient des surfaces illusionnistes qui déclenchaient des réactions visuelles extraordinaires chez le spectateur. Abstractions perceptuelles, ambiguïtés spatiales et sensations de mouvements étaient engendrées par divers procédés, dont la manipulation de dessins géométriques et la juxtaposition de couleurs intenses. Yaacov Agam, Salon Agam 1972-1974. Jesus-Rafael Soto, Double Progression Bleue et noire 1975. Le miroir sera un matériau de prédilection pour les artistes cinétiques comme Christian Megert, Dan Graham, Larry Bell, pour renverser les rôles et les horizons d’attente du spectateur. Aujourd’hui, Timo Nasseri, Anish Kapoor, Jeppe Hein, Leandro Erlich, Daniel Buren continuent d’expérimenter les multiples possibilités du miroir dans sa tradition de réflexion et de transparence. Christian Megert, Environment Documenta 4, 1968. Dan Graham, Square Bisected by Curve 2008. L’hyperréalisme est la reproduction, neutre et objective, à l’identique d’une image en peinture. Il prend ses racines dans la philosophie de Jean Baudrillard, la simulation de quelque chose qui n’a jamais vraiment existé ». En tant que tel, les hyperréalistes créent une fausse réalité, une illusion convaincante basée sur une simulation de la réalité. Les peintures et les sculptures hyperréalistes sont minutieusement détaillées pour créer l’illusion d’une réalité non vue dans la photo d’origine. Don Eddy, Volkswagen and OK used Cars 1971. Ralph Goings, Still life with mirror 1981. Selon Hal Foster, l’image hyperréaliste est une image trompeuse, mais elle n’est pas une simple tromperie. Elle est un subterfuge contre le réel qui ne s’engage pas à le pacifier, mais à le sceller derrière la surface. L’hyperréalisme est comme accablé par l’apparence. Il invite le spectateur à s’adonner, presque d’une manière schizophrène, à sa surface. On regarde, au final, une image qui paraît s’enfermer dans sa propre illusion. Le peintre Don Eddy s’affirme dans les années 1970 comme l’un des pionniers du photoréalisme. Ses collègues américains Richard Estes, Robert Bechtle, Ralph Goings, Richard McLean et Chuck Close, Dan Witz suivront le mouvement. En Europe, le grand peintre allemand Gerhard Richter s’essayera à l’hyperréalisme, tout comme son compatriote René Wirths. Duane Hanson, Supermarket Lady 1969. Le précurseur Duane Hanson, puis ensuite John de Andrea, Jacques Verduyn, Evan Penny et Ron Mueck sont les représentants les plus célèbres de la sculpture hyperréaliste. Duane Hanson 1925-1996 a commencé à introduire des représentations humaines dans son travail dès les années 1960, reprenant une certaine tradition des dioramas humains avec un message acide sur la société de consommation américaine, comme le racisme ou la pauvreté remettant en cause l’american way of life. Ron Mueck, lui, n’hésite pas à travailler les détails et l’échelle pour jouer sur l’ambiguïté et le malaise face à l’œuvre. Les sculptures d’ombres Telle qu’elle a été formulée depuis Platon, l’ombre est avant tout considérée comme un simulacre, une chose opaque, indigne de confiance et éloignée de la vérité. L’ombre est un précieux instrument de connaissance et de savoir qui se retrouve dans la célèbre allégorie de la caverne qui jalonnera toute l’histoire de la philosophie occidentale. Quel est donc le degré de vérité des ombres ? De nombreux artistes utilisent l’ombre dans leur création artistique pour son pouvoir de dissimulation et d’illusion. Un des précurseurs de ce dispositif est Laszlo Moholy-Nagy avec son Modulateur espace-lumière réalisé entre 1922 et 1930. Dans les années 1960, une série d’œuvres cinétiques utilisera la lumière et le mouvement comme des éléments essentiels. Mac Adams, Rabbit 2000. C’est ensuite dans les années 1980 qu’apparaitront les sculptures d’ombres. A l’époque, Christian Boltanski et Mac Adams ont commencé à explorer les potentialités du médium photographique dans l’espace par l’usage de l’ombre projetés. Dans les sculptures d’ombres, l’ombre est un matériau à part entière. Ces installations sont construites selon un dispositif de projection, composé d’un projecteur lumineux spot, vidéoprojecteur et d’un écran mur, sol, toile… sur lequel apparaît l’image-ombre, fixe ou en mouvement, invariablement créée par l’interception de la lumière par un objet central. Les sculptures d’ombres conservent une certaine puissance enchanteresse des dispositifs du pré-cinéma qu’elles réactivent. Shigeo Fukuda, One cannot cut the sea 1988. Tim Noble et Sue Webster, Dirty White Trash with Gulls 1998. Kumi Yamashita, Child 2011. Contrairement aux sculptures lumino-cinétiques, qui sont exclusivement abstraites, les sculptures d’ombres projettent des images invariablement figuratives comme dans les œuvres de Mounir Fatmi, Badr El Hammami, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Kumi Yamashita, Fred Eerdekens ou Tim Noble et Sue Webster. Le Street art L’art hurbain qui prend ses racines dans les années 1960 avec des artistes comme Allan Kaprow, Victor Vasarely ou Calder, se développe réellement dans la décennie suivante avec des initiatives individuelles utilisant différentes techniques pour un résultat souvent éphémère. La pratique du trompe-l’œil est une des plus représentatives du street art. Bansky. Plusieurs artistes investissent les murs des villes pour y créé différents trompe-l’œil utilisant différentes techniques comme le graffiti et le pochoir avec Bansky ou le dessin, la peinture et la sérigraphie sur papier avec Ernest Pignon-Ernest ou la photographie avec Joshua Callaghan. Ernest Pignon-Ernest, Lavandière Naples, 1988. D’autres artistes sont adeptes de la sculpture comme celle de taille humaine de Mark Jenkins, inquiétantes et dérangeantes, qu’il dissémine dans l’espace public et qui trahissent la solitude produite par la société moderne. Le photographe, vidéaste et sculpteur Cayetano Ferrer utilise un camouflage photographique très élaboré pour rendre les objets invisibles. Le chinois Liu Bolin se sert de son propre corps pour traduire ses engagements. Tel un caméléon, il se fond dans les rayons d’un supermarché ou se camoufle dans le drapeau chinois, dénonçant ainsi la dilution de l’individu dans l’identité collective et la soumission aux diktats du consumérisme. Cayetano Ferrer, Western import Kadoya brand 2007 Liu Bolin. Hiding in the city, Water Crisis 2013. La fresque en trompe-l’œil tire ses origines de la Rome antique et se retrouvera au fil des siècles sur les façades des maisons comme à Camogli, en Italie, au XVIIe. A la fin des années 1970, le trompe-l’œil devient monumental avec les muralistes qui parent les villes d’œuvres XXL pour les embellir. Fleurissent alors des fresques murales à tous les coins de rue avec pour motif principal les fausses fenêtres. Aux Etats-Unis, Richard Haas renoue avec la tradition décorative et réalise en 1978 l’un de ses chefs-d’œuvre sur le Consolidated Edison Building à New York. Sur brique ou béton, ses édifices factices célèbrent la puissance et la modernité de la nation américaine. En France, Fabio Rieti réalise de troublantes illusions oniriques. Richard Haas. Homage to Cincinnatus, Brotherhood Building, Kroger Company, Cincinnati 1983. Fabio Rieti. L’escalier, rue Etienne Marcel-Turbigo à Paris 1989. Façade en trompe-l’œil. Pignon de l’immeuble situé sur l’esplanade Pompidou, quai des Etats-Unis à Nice réalisé par la société AD Affresco 2014. La tradition du trompe-l’œil à Nice vient de l’influence génoise. En effet à Gènes, nous retrouvons beaucoup de décors peints. Ils réorganisent une façade et servent de pansements à l’architecture. A partir des années 1980, plusieurs peintres illusionnistes et éphémères fleurissent sous le regard subjugué des passants. Ils n’interviennent plus sur les murs et les façades mais directement au sol sur le bêton et autres pavements en appliquant la technique de projection en anamorphose. A l’aide de craies ou de pastels, jaillissent des cités enfouies, des gouffres qui donnent le vertige. Grâce à la technique de l’anamorphose, l’effet produit nous fait basculer dans la troisième dimension. Kurt Wenner, Reflections 2007. Kurt Wenner, Alpha renaissance. Le pionnier du trompe-l’œil au sol est l’américain autodidacte Kurt Wenner. Il s’est formé auprès des grands maîtres et en 1982 part à travers l’Europe découvrir et observer les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne Giotto, Michel-Ange et Tiepolo, scrutant les lignes de fuite. C’est pour financer ses voyages qu’il se met à dessiner sur le plancher des capitales où il fait étape. En créant en directe devant la foule, il fait de ce spectacle de rue une véritable performance artistique. Grâce à lui, cette discipline a été érigée au rang d’art sacré » en 1991, à l’occasion d’une commande pour la venue du Pape Jean-Paul II à Mantoue. Edgar Müller, The cave 2008. Manfred Stader, Skip navigation 2014. D’autres artistes ont suivis le mouvement comme l’anglais Julian Beever, les allemands Edgar Müller et Manfred Stader ou encore 3D Joe&Max qui jouent aussi sur l’interaction entre l’œuvre et le public. Avec l’arrivée des nouvelles technologies numériques, les possibilités du trompe-l’œil se développe à grande échelle, comme par exemple en 2013 avec l’anamorphiste français François Abélanet qui réalise Trucks de Ouf, la plus grande anamorphose imprimée au monde 5000 m2 installée place Bellecour à Lyon et commanditée par Renault. De son côté l’artiste photographe JR a fait disparaître » la pyramide du Louvre, en 2016, en la recouvrant d’un collage d’images marouflées représentant en noir et blanc la façade Sully du musée qu’elle cache. L’artiste a confié la réalisation de cette œuvre à JC Decaux Artvertising, spécialiste du format XXL et Prismaflex International pour un résultat confondant. François Abélanet, Trucks de Ouf Lyon, 2013. JR & Liu Bollin. Pyramide du Louvre, Paris juin 2016. Il est de plus en plus fréquent de voir des monuments recouverts de bâches imprimées lors de travaux de rénovations. Ce cache misère ou subterfuge, permet de dissimuler les échafaudages tout en donnant l’illusion d’un bâtiment intact. Certains plasticiens détournent de façon judicieuse ce procédé à des fins artistiques comme Pierre Delavie qui kidnappe » les façades de plusieurs édifices historiques pour les recouvrir de photomontages qui déstructure ou déforme l’architecture. Pierre Delavie, Grand Palais 2014. Pierre Delavie, Immeuble déformé 2007-2008. Le mapping vidéo mapping 3D est une technique qui permet de projeter des images sur des volumes en jouant avec leur relief. Son origine remonte en 1969 lorsque Disneyland réalise des projections sur des objets 3D pour l’attraction Haunted Mansion. Dans les années 1980, l’artiste Michael Naimark filme des personnes interagissant avec des objets dans une salle de séjour, puis les projettent dans la salle vide créant l’illusion que les personnes interagissent avec les objets. À partir de 2001, de plus en plus d’artistes commencent à utiliser le mapping vidéo pour la création d’œuvre ou pour de grosses compagnies. Parc Disneyland, Haunted Mansion 1969. Qu’elle soit sur une façade ou un bâtiment, la projection joue sur l’illusion optique entre le relief réel et sa seconde peau virtuelle. Elle augmente et sublime l’objet ou l’architecture qu’elle éclaire. Fête des lumières. Théâtre des célestins de Lyon 2010. Le Diable enchanteur. Projection lumineuse, magique et musicale sur la façade de la Maison de la Magie à Blois. Conception artistique et technique Full Media Concept / Marc Dossetto 1er et 2 juin 2018. Ces illusions d’optiques sont créées grâce à des techniques de masquage de certaines zones de la surface-écran et de mise en valeur d’autres zones grâce à de très puissants faisceaux lumineux. Les images colorées ou en trompe-l’œil peuvent transformer ce qui est réel par des illusions aux possibilités infinies. Animation de mouvements en 3D relief, colorisations, vidéo dynamique, illusions d’optiques, Réalité Augmentée… Les effets sont illimités et misent au service d’une écriture poétique, historique ou fantastique. L’architecture contemporaine est friande de techniques illusoires pour transformer la perception d’un bâtiment en utilisant le trompe-l’œil, l’illusion d’optique, le miroir, la réflexion ou la construction impossible. Ashton Raggatt McDougall. Australian Customs Service Melbourne, 2006. Application du fameux Café wall illusion de Richard Gregory créé en 1973, dont le précurseur est Hugo Münsterberg avec son shifted-chessboard illusion datant de 1897. Pickard Chilton et Everton Oglesby. Pinnacle at Symphony Place Nashville, 2007. MVRDV / Winy Maas, Jacob van Rijs et Nathalie de Vries. Baltyk Building Poznań, 2011. Le magicien dans l’art On ne compte plus les artistes qui ont représenté des magiciens dans leur œuvre. Qu’ils soient escamoteur, sorcier ou prestidigitateur, on les retrouve notamment chez Jérôme Bosch ou Pieter Brueghel et dans un grand nombre de gravures médiévales. Pieter Bruegel, La chute du magicien Hermogene détail de la gravure, 1565. Georges de La Tour, Le tricheur à l’as de carreau détail, 1636-1638. L’un des accessoires symboliques du magicien comme les cartes à jouer sont très présentes dans les représentations picturales dès le XVIe siècle avec les fameux Tricheurs 1594 du Caravage ; suivront d’autres parties de cartes » sous les pinceaux de Georges De La Tour, Jean Baptiste Chardin, Cézanne, Pablo Picasso, Otto Dix, Botero, Fernand Leger… L’escamoteur 1475-1505 de Jérôme Bosch représenté sur le tableau exécute devant une assemblée de spectateurs ce qui est reconnu comme étant le plus vieux tour de magie de l’histoire, celui des gobelets. Conclusion Toute illusion n’existe que par l’interprétation du public. C’est un processus éminemment subjectif qui est à l’œuvre entre l’émetteur l’œuvre et le récepteur le regardeur. Même si l’illusion est provoquée par des techniques précises et ciblées, la finalité sera différente d’un individu à un autre. C’est le propre de l’art que de susciter des réactions divergentes, voire contradictoires et de provoquer le questionnement et le débat. Chacun est libre d’interpréter ce qu’il voit, de lui donner de l’importance ou de passer son chemin. Vik Muniz, Toy Soldier 2003. Dans L’art et L’illusion, son formidable essai sur l’exploration de l’histoire et de la psychologie de la représentation artistique, l’historien Ernst Gombrich 1909-2001 examine, interroge et redéfinit la notion d’imitation de la nature, le rôle de la tradition, le problème de l’abstraction, le bien-fondé de la perspective et l’interprétation de l’expression artistique. Pour lui, tout art est tromperie et il met le spectateur-regardeur au centre de la conceptualisation de l’œuvre d’art ; il pose la question de l’objectivité et de la subjectivité par le phénomène de la projection », inséparable de toute illusion artistique, qui reproduit et imite dans notre mental des formes familières à partir d’autres qui ne le sont pas. Ainsi, nous pouvons voir dans ces espaces vides des objets qui n’y sont pas, des imitations des images mentales. Comme le magicien place au centre de son numéro le spectateur pour mieux le cueillir, par un tour d’esprit, l’œuvre est interprétée par le regardeur de façon psychologique. Pour mieux appréhender et comprendre le réel, c’est souvent par l’artifice que l’on touche à la réalité et à la vérité des choses. Bibliographie sélective 1 – Histoire de l’art d’Ernst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2001. Première parution 1950 – Perspective et histoire au Quattrocento de Giulio Carlo Argan et Rudolf Wittkower Editions de la passion, 1990 – Les perspectives dépravées, Tomes 1 et 2 de Jurgis Baltrusaitis Editions Flammarion, 2008. Première parution 1955 – La Haute Renaissance et le Maniérisme de Linda Murray Editions Thames and Hudson, 1995 – L’illusion Baroque de Frédéric Dassas Editions Découvertes Gallimard, 1999 – D’Artifices en édifices de Jean Starobinski Editions le 7ème fou, 1985 – Dynamo Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013 de Serge Lemoine, Matthieu Poirier, Marianne Lemoine, Domitille d’Orgeval, Pascal Rousseau et Markus Brüderlin Editions des Musées Nationaux, 2013 – Une image peut en cacher une autre de Jean-Hubert Martin Editions des Musées Nationaux, 2009 – Op Art de Martina Weinhart, Max Hollein et Schirn Kunsthalle Frankfurt Editions Schirn Kunsthalle, 2007 – Le Champs des illusions de Michel Onfray et Philippe Piguet Editions Centre d’Art de Tanlay, 1998 – Felice Varini Points de vue de Fabiola Lopez-Duran Editions Lars Muller, 2004 – L’art de l’illusion de Terry Stickels et Brad Honeycutt Editions Hugo Images, 2013 – Richard Haas An Architecture of Illusion Editions Rizzoli, 1981 – Le musée impossible et le musée des illusions de Céline Delavaux Editions Renaissance Du Livre, 2015 – Tous les secrets des illusions d’optique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017 Bibliographie sélective 2 – La République de Platon Editions Flammarion, 2002 – Psychologie de la forme de W. Köhler Editions Gallimard, 1929 – L’art et l’illusion Psychologie de la représentation picturale de Ernst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2002. Première parution 1971 – Les ruses de l’intelligence la mètis des Grecs de Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne Editions Flammarion, 2009. Première parution 1974 – Le réel et son double de Clément Rosset Editions Gallimard, 1976 – Le réel, traité de l’idiotie de Clément Rosset Editions de minuit, 1977 – De la séduction de Jean Baudrillard Editions Gallimard, 1988. Première parution 1979 – L’Artifice de Guy Scarpetta Editions Grasset, 1988 – L’œil qui pense Visions, illusions, perceptions de Roger N. Shepard Editions Le Seuil, 1990 – La science des illusions de Jacques Ninio Editions Odile Jacob, 1998 – L’image trompeuse de Florence Bancaud Editions Presses Universitaires de Provence, 2016 Note de la rédaction Cet article a été rédigé à l’occassion de l’exposition d’art magique La Galerie des illusions pour les 20 ans de la Maison de la Magie à Blois en 2018. Il a ensuite été augmenté suivant les périodes artistiques. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.
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